Les éléphants sont toujours représentés comme plus petits qu'ils ne le sont ; les puces sont toujours grosses.
Jonathan Swift

Nous collectons toutes les créatures imaginables et inimaginables. Nous chassons les loups-garous dans toutes les parties du monde. Regarder des dragons de différents pays. Cependant, ils n'ont encore jamais parlé des créatures des bestiaires médiévaux. Regardons-les exactement dans la composition dans laquelle ils ont été présentés aux lecteurs de livres européens curieux.

Zoologie mystique

Ici on dit - " bestiaire ". Et c'est quoi? Une bande dessinée ancienne sur les animaux avec des mensonges inventifs de voyageurs et de sages commentaires d'ecclésiastiques ? Tout à fait raison. Mais il y a ici plusieurs nuances importantes.

La vertu du pélican. Relief de Notre Dame des Neiges - le plus grand cimetière au Canada (Montréal).

Les bestiaires classiques s'appelaient Bestiarum vocabulum qui signifie littéralement "La Parole des Animaux". Cependant, leur contenu réel était très différent, souvent même sans rapport avec les animaux. Dans le même livre, il y avait des descriptions de créatures fictives et réelles. Il y avait aussi des textes sur les oiseaux, les pierres et même des recettes de potions de guérison. Les traités d'histoire naturelle étaient généralement accompagnés d'une parabole chrétienne instructive. Tous les noms et titres avaient nécessairement une signification sacrée. Ainsi, les bestiaires étaient aussi des dictionnaires du « langage des animaux » symbolique.

On croyait que si le pélican ne pouvait pas trouver de nourriture pour les poussins, il se déchirait la poitrine avec son bec et nourrissait la progéniture avec du sang. Il est logique que dans les bestiaires cet oiseau ait servi d'allégorie de l'abnégation du Christ. L'image d'un pélican est dotée d'une signification similaire en héraldique.

Page du bestiaire de Rochester (XIIIe siècle).

Une autre caractéristique intéressante des bestiaires était que les illustrations étaient dessinées par des artistes, dont la plupart n'avaient jamais vu de tels animaux de leur vie. Quelqu'un, bien sûr, pourrait dire qu'il a rencontré une fois un basilic chez lui la nuit, mais le regard mortel du monstre n'a pas fonctionné à cause de l'obscurité. Mais c'est une forte exagération - dans la plupart des cas, l'apparence des représentants de la faune magique a été recréée à partir de leur vague description textuelle.

Au fil du temps, les illustrateurs ont développé un certain canon. Les images d'animaux étaient légèrement "standardisées", mais il n'était plus possible de se débarrasser de la diversité de leur apparence.

Comme on dit le mot bestiaire, on imagine un solide tome médiéval en reliure de cuir craquelé. Les bestiaires de ce genre sont apparus au XIIe siècle (France, Angleterre) et ont rapidement gagné en popularité grâce à leurs riches illustrations et leurs articles intéressants. Cependant, à la base, ils étaient une compilation de textes anciens.

De quoi étaient faits les bestiaires ? Le matériel original a été pris de la collection grecque " Physiologiste"(Auteur inconnu, 2-3 siècle après JC). Ce travail, à son tour, était basé sur des livres antérieurs. Tout d'abord - sur Historia animalium("Histoire des animaux") d'Aristote, écrite par lui lors d'une visite à l'île de Lesbos en 343 av. Les pêcheurs locaux apportaient régulièrement toute la vie marine au grand scientifique, ce qui l'a inspiré pour créer un ouvrage de référence zoologique.

Le « physiologiste », bien que basé sur les traités d'Aristote, d'Hérodote, de Pline l'Ancien, de Solin et d'Élian, était 100 % chrétien et très éloigné de la vérité. C'est de lui qu'est née la tradition de « l'allégorie zoologique ». Il a été rapporté, par exemple, que des lionceaux naissent morts et que le troisième jour seulement, le lion - une autre image du Christ - les ranime avec un souffle dans les narines (de même, une personne naît morte jusqu'à ce qu'elle soit baptisée).

Castor
Bonnacon
Amphisbaena

Une contribution significative au maintien des bestiaires a été apportée par les principaux dirigeants de l'église - l'archevêque Isidore de Séville et l'évêque Ambros. À partir du XIIIe siècle environ, l'enseignement moral est devenu la fonction principale de la « Parole des animaux ». Personne n'a prêté attention à la véracité des informations présentées, car la valeur des paraboles chrétiennes n'est en aucun cas la fiabilité. L'écrasante majorité des lecteurs croyaient sincèrement que quelque part dans le sud, il y avait une licorne qui perdait sa volonté à la vue d'un sein féminin nu.

Mais il y avait encore une part de vérité dans les bestiaires. Les observations purement scientifiques qui tombaient dans ces textes (par exemple, l'étude de la migration saisonnière des oiseaux) ont été perdues parmi les fictions et n'ont été « redécouvertes » que des centaines d'années plus tard.

Loup
chameau
Basilic

Marcher avec des monstres

Une cinquantaine de bestiaires médiévaux ont survécu. L'âge le plus avancé peut se vanter d'avoir un bestiaire de la ville écossaise d'Aberdeen (vraisemblablement le XIIe siècle, peut-être même plus ancien), mentionné pour la première fois dans l'inventaire des livres de 1542.

Vous trouverez ci-dessous une brève description des propriétés de certains habitants des bestiaires du XIIe-XVe siècle (la plupart des livres ne sont disponibles pour étude qu'à un cercle restreint de personnes, cette information est donc inconnue du grand public). Vous pouvez juger par vous-même de la moralité de ces fables.

Vipère
Hyène
OIE

Agate- un minéral avec lequel vous pouvez rechercher des perles dans la mer. Il vous suffit d'attacher cette pierre à une corde et de la plonger dans l'eau. L'agate est « attirée » par les coquillages perlés, ce qui la rend plus facile pour les plongeurs.

Alérion- un oiseau comme un aigle, seulement plus grand, de couleur ardente et brillante et avec des ailes acérées comme des rasoirs. Il n'y a que deux alérions dans le monde - un mâle et une femelle. À 66 ans, ils pondent deux œufs, et lorsque les poussins éclosent, les parents se noient dans la mer. Leur progéniture est élevée par d'autres oiseaux.

Amphisbaena- un serpent à deux têtes, dont une tête est normale et l'autre pousse à partir de la queue. Il peut ramper dans deux directions. Les yeux brillent comme des lampes. L'amphisbène n'a pas peur du froid et a des propriétés curatives.

Blaireau- un animal sale qui vit dans des terriers de montagne. Un blaireau creuse en avalant de la terre et les deux autres tiennent un bâton avec leurs dents. Lorsque le rat-taupe est plein, il s'accroche à ce bâton et le reste des blaireaux le tire hors du trou pour le vider.

Castor- une créature dont les organes génitaux sont utilisés en médecine. Si le castor ne peut échapper au chasseur, il se mord les testicules et les jette à ses poursuivants. S'il a déjà perdu son économie, il ne montre aux chasseurs qu'un derrière vide, et ils sont immédiatement à la traîne.

OIE
Caladrius
Grues

Bonnacon- une bête comme un taureau, mais ses cornes ne sont pas adaptées à la protection. Vous ne devriez pas chasser les bonnacons. Il est capable de tirer un jet d'excréments sous sa queue, volant au loin sur une longue distance et brûlant tous les êtres vivants.

diamant- si vous le gardez dans la maison, les démons ne vous dérangeront pas. Vous ne pouvez détruire un diamant qu'en le dissolvant dans le sang d'une chèvre.

chameau- ne boit que de l'eau sale, est capable de supporter la soif pendant 3 jours et peut vivre jusqu'à 100 ans s'il n'est pas emmené dans un autre pays, où il mourra d'un changement d'air.

Basilic- un croisement entre un coq et un serpent qui pousse à partir d'un œuf de coq. Aime la chaleur et la sécheresse. Il tue les serpents avec son odeur, avec son souffle - les oiseaux, et avec son regard - les gens. Ne peut mourir que d'une morsure d'hermine.

Loup- si le loup voit la personne en premier, alors la personne perdra sa voix. Si une personne voit un loup plus tôt, le loup n'attaquera jamais. Pour effrayer un loup, vous devez vous déshabiller et frapper pierre sur pierre.

Vipère- un serpent qu'on ne peut enchanter en musique, puisqu'il plaque une oreille contre le sol, et bouche l'autre avec le bout de sa queue. Dans la tête il y a une gemme un anthrax. La femelle devient enceinte lorsque le mâle met sa tête dans sa bouche. Elle le mord et l'avale. Ayant mûri, le petit vipère ronge le ventre de la mère et en sort, la tuant ainsi. La morsure d'une vipère est très toxique - une personne sue du sang et meurt bientôt. La reine Cléopâtre s'est suicidée en se mordant avec une vipère.

Crocodile Hirondelles
un lion

Hyène- une créature bisexuelle qui déchire les tombes et dévore les cadavres. Il y a une pierre cachée dans son œil - si vous la mettez sous votre langue, vous pouvez prédire l'avenir. Un chien marchant sur l'ombre d'une hyène perd sa voix.

Oies- sont capables de sentir une personne mieux que n'importe quel autre animal. Ce sont les oies qui ont sauvé Rome de l'invasion des Gaulois.

perle- pousse dans des pierres appelées huîtres. Parfois, ils s'ouvrent et absorbent la lumière du soleil, des étoiles et de la lune. De tout cela se forment des perles qui, dissoutes dans la rosée, guérissent toute maladie.

Grues- ils combattent les pygmées et se bourrent le ventre de sable pour être plus stables en vol. Lorsque tout le troupeau est endormi, la grue sentinelle tient une pierre dans sa patte. S'il s'assoupit, il le laissera tomber et se réveillera immédiatement.

lièvre est un animal très rapide qui peut changer de sexe. En hiver, ils mangent de la neige et blanchissent.

OIE- une oie sauvage poussant sur les arbres. Lorsque l'oiseau atteint une taille suffisante, il tombe de la branche et tombe. Si l'arbre pousse au-dessus de l'eau, l'oie nage intacte et s'il pousse au-dessus du sol, il meurt.

Ours
Leucrota Mandragore

Caladrius- un oiseau blanc, annonciateur de la mort. Si elle vous regarde en face, vous vous rétablirez et si elle se retourne, vous mourrez.

Katoblepas- un taureau à quatre pattes, dont la tête est si lourde qu'il ne peut que regarder le sol. Cela rend ses yeux injectés de sang. Tous ceux qui les regardent mourront.

Crocodile- un monstre qui pleure toujours amèrement après avoir mangé une personne.

Hirondelles- quitter les bâtiments juste avant qu'ils ne s'effondrent.

un lion- le roi des bêtes. Il dort les yeux ouverts, couvre ses traces avec sa queue, a peur d'un coq blanc, mange un jour et boit le lendemain. Malade, dévore un singe comme médicament. Le mâle et la femelle ne s'accouplent pas comme des animaux, mais comme des personnes - face à face.

Leucrota- un croisement entre une lionne et une hyène, qui a une tête de cheval et une large bouche d'une oreille à l'autre. Au lieu de dents individuelles, leucrota a un os solide sur chaque mâchoire.

Chauve souris- un oiseau impur avec des dents, qui produit des poussins non pas à partir d'œufs, mais directement à partir de son ventre.

Grenouilles- de petites créatures aquatiques. Les individus vivant à terre meurent dès qu'ils sont pris sous la pluie.

Mandragore- une racine curative, de forme similaire à une personne et poussant à l'est, à côté du paradis. Grit lorsqu'il est retiré du sol. Tous ceux qui entendent ce cri meurent ou deviennent fous. Par conséquent, la mandragore est déterrée comme suit - un chien affamé y est attaché et lui fait signe de loin avec un morceau de viande. Les éléphants ont besoin de goûter cette racine pour devenir enceintes.

Singes
Un perroquet
Un perroquet

Ours- une bête féroce qui dort si profondément en hiver qu'elle peut être blessée au point de saigner, mais elle ne se réveillera toujours pas. Les oursons naissent sous forme de morceaux de viande informes, mais la mère les lèche, leur donnant l'apparence désirée. Mâle et femelle dorment séparément dans des tanières, creusant un sillon entre eux.

Fourmis- les insectes, saillants en rangs élancés et portant du grain dans leur gueule (si une fourmi n'a pas de grain, elle va essayer de l'enlever à une autre), qui est ensuite stocké en réserve pour l'hiver. Les fourmis éthiopiennes ont l'apparence de chiens et creusent le sable, en extrayant de l'or.

Souris- provient spontanément de la terre, de l'humus, d'où son nom (mus).

Singe- une créature, également appelée simia, car elle est très similaire (anglais - similaire) à une personne. Il porte ses petits bien-aimés dans ses bras et ses mal-aimés sur son dos. Cependant, si un chasseur la poursuit, elle abandonne son enfant bien-aimé pour libérer ses mains, et le mal-aimé est ainsi sauvé.

l'éléphant

Onagre- un âne hurlant 12 fois pendant l'équinoxe. Le chef du troupeau mord les organes génitaux de jeunes onagrammes afin qu'ils, ayant mûri, ne rivalisent pas avec lui.

Un perroquet est un oiseau qui peut apprendre à parler humainement à un jeune âge. L'ancienne, cependant, aussi - pour l'entraînement, elle devrait être frappée à la tête avec une barre de fer.

Les abeilles- le plus petit des oiseaux. Ils se développent à partir de vers vivant dans des charognes (en particulier dans le corps des bovins).

Lynx- un loup tacheté dont l'urine durcit en un bijou comme une escarboucle. Le lynx le recouvre de sable afin qu'une personne ne puisse pas trouver le trésor.

Un lézard si froid qu'il peut rester en feu en toute sécurité et même l'éteindre. Sa peau est utilisée pour fabriquer des vêtements résistants au feu.

Scorpion- un ver avec un dard venimeux sur la queue. Blesse une personne n'importe où, mais pas dans la paume.

Éléphants- leurs jambes sont dépourvues de genoux, par conséquent, étant tombés au sol, les éléphants ne peuvent plus se lever. Pour la même raison, ils dorment appuyés contre un arbre. Pour attraper un éléphant, le chasseur n'a qu'à limer la trompe.

Hibou est un oiseau immonde qui chie dans ses propres nids et vole à reculons.

Hibou
Lézard
Boa

Boa est un énorme serpent vivant en Italie. Elle a besoin de bétail pour se nourrir. Elle n'avale pas les vaches, mais les enveloppe dans des anneaux et des laits, et prend parfois tellement de lait que les victimes meurent.

Furet- un animal sale, conçu comme une vipère (par la tête dans la bouche) et naît des oreilles de la mère : le mâle sort à droite, la femelle à gauche.

Lézard- si elle devient aveugle de vieillesse, alors elle rampe hors du trou et regarde le soleil, qui brûle rapidement le voile devant ses yeux.

• En fait, Physiologist n'est pas le titre d'un livre. Cette collection était généralement sans nom. Mais puisque chaque histoire commençait par la phrase : « Le physiologiste prétend que... » (un physiologiste était compris comme un certain naturaliste anonyme), un nom similaire était attaché à l'ensemble du texte.
• Bestiaire Dicta chrysostomi(attribué à Jean Chrysostome, l'un des plus grands pères de l'Église) est conservé à la Bibliothèque publique d'État de Saint-Pétersbourg.
• Le mythe de la salamandre de feu peut provenir des vraies salamandres qui vivaient dans les troncs d'arbres en décomposition. Si ces bûches étaient mises au feu, les lézards sautaient "par magie" hors du feu.

De vraies salamandres avec une couleur "feu" caractéristique.

* * *

L'ornementation cérémonielle des bestiaires et les dédicaces exquises conservées sur les premières pages indiquent que cette lecture était destinée aux plus hautes couches de la noblesse et du clergé. Eux seuls étaient assez instruits pour apprécier les allégories « animales » qu'ils proposaient.

À notre époque, les bestiaires sont devenus accessibles au public. Ils ont été créés par des personnes complètement différentes : le nain fou Toulouse-Lautrec, le génie aveugle Borges... De nombreux univers fantastiques ont leurs propres bestiaires.

Les bêtes fictives n'ont guère changé, mais leur fonction est différente. Désormais, ils ne mettent pas le lecteur sur la bonne voie, mais lui offrent des délices culturels, de solides matériaux de construction pour la perspective humanitaire et, en fin de compte, un solide divertissement intellectuel.

Aujourd'hui t'attend une sélection des représentations animales les plus bizarres décrites dans les bestiaires médiévaux.
Ce qui est intéressant, pour moi personnellement, c'est la façon dont les artistes représentent ces créatures

1. Bonnacon.
"C'est ce qu'on trouve en Asie. Sa tête et son corps sont haussiers, et sur son cou une crinière, comme un cheval. Il a des cornes, mais elles sont si arrondies et si fortement recourbées qu'elles ne peuvent nuire à personne. Cependant, la protection, qui la nature a été avare de donner. dans ses cornes, elle se reconstituait généreusement dans les intestins. à trois milles à la ronde. Le chasseur têtu s'en échappe et le bokanon n'ose plus poursuivre. "

2. Blaireau
Le blaireau est un animal immonde qui vit dans des terriers de montagne. Un blaireau creuse en avalant de la terre et les deux autres tiennent un bâton avec leurs dents. Lorsque le rat-taupe est plein, il s'accroche à ce bâton et le reste des blaireaux le tire hors du trou pour le vider.

3. Castor

« À propos du castor animal.
Il y a un animal appelé castor. Le doux est très silencieux. Le plus nécessaire, il est utilisé dans le traitement. Et quand les chasseurs le poursuivent et qu'il se rend compte qu'il va être attrapé, alors, coupant le plus nécessaire (c'est-à-dire les testicules, notez les miens) le jette au chasseur. Si, cependant, un autre chasseur tombe à nouveau et est poursuivi, le castor se précipite en arrière, et le chasseur, ayant appris qu'il n'a pas ce dont il a besoin, le quitte.

Interprétation. Et toi, habitant de la ville, donne au chasseur ce qui lui appartient. Le chasseur est le diable, et ce qui lui appartient est en vous fornication, adultère, meurtre. Coupez-le et donnez-le au diable, et le chasseur, le diable, vous quittera, pour que vous puissiez dire : « Notre âme, comme un oiseau, est libérée du filet des chasseurs.

"Physiologiste", p. 139-140

4. Loup
si le loup voit la personne en premier, alors la personne perdra sa voix.
Si une personne voit un loup plus tôt, le loup n'attaquera jamais.
Pour effrayer un loup, vous devez vous déshabiller et frapper pierre sur pierre.

5. Vipère

Vipère- un serpent qu'on ne peut enchanter en musique, puisqu'il plaque une oreille contre le sol, et bouche l'autre avec le bout de sa queue. Dans la tête il y a une gemme un anthrax.
La femelle devient enceinte lorsque le mâle met sa tête dans sa bouche. Elle le mord et l'avale. Ayant mûri, le petit vipère ronge le ventre de la mère et en sort, la tuant ainsi. La morsure d'une vipère est très toxique - une personne sue du sang et meurt bientôt.

« On l'appelle ainsi parce que ses petits naissent de force (vi iriat). Sans attendre la séquence la plus naturelle, les jeunes serpents rongent le ventre de la mère et la tuent ainsi. vipère s'accouple avec le mâle, alors ce dernier doit mettre sa tête dans sa bouche afin de recracher la graine à l'intérieur. Vipère, fou de luxure, puis lui mord la tête. Alors ils meurent, tous les deux : le mâle pendant la copulation, le mâle pendant l'accouchement. Et pour les imbéciles, c'est un avertissement : la luxure est une affaire humaine, mais regarde toujours où tu mets la tête."

Un animal fabuleux ressemblant à un serpent (Vipera) avale un dragon "(France, vers 1450), kb.nl

6. Ibis

L'ibis est un oiseau du Nil, qui nettoie son propre estomac en versant de l'eau dans l'anus avec son bec. L'ibis se nourrit d'œufs de serpents et de poissons morts.

L'ibis est un symbole de désir charnel, d'impureté et de paresse. Chrétien primitif le texte "Physiologus", comme le "Bestiaire" médiéval, note que l'ibis ne sait pas nager et dévore donc les poissons morts près du rivage. Ce dernier, il apporte à manger et à ses petits.
"Comme les ibis, ces gens pensants carnivores qui consomment avidement les fruits mortels de leurs actes, et même leurs enfants, à leur dommage et destruction, les nourrissent" (Unterkircher). "Cet ibis est le pire de tous, car des pécheurs et des fuites sont des péchés" ("Physiologus").

7. Hydre

Hydrus est l'ennemi juré du crocodile et sa nature et ses propriétés sont telles que lorsqu'il voit un crocodile dormir sur le rivage, alors y pénètre par une bouche ouverte, en roulant d'abord dans la boue, de sorte qu'il est plus facile de passer par la gorge... Le crocodile l'avale aussitôt vivant. Cependant, lui, après avoir déchiré tous les entrailles du crocodile, en sort indemne. De même, la mort et l'enfer signifient le crocodile, dont l'ennemi est notre Seigneur Jésus-Christ. Ayant pris chair humaine, il descendit aux enfers et, déchirant ses entrailles, en fit sortir ceux qui y étaient injustement retenus. Il a vaincu la mort elle-même, étant ressuscité des morts, comme le prophète s'en moque : La mort ! où est ta piqûre ? l'enfer! où est ta victoire ?"
Bestiaire d'Aberdeen (626 : fol.68v-69r)

Il n'y avait pas de standard pour l'image d'un crocodile en raison du manque d'observation de cette créature en Europe à cette époque, mais l'illustrateur a tout de même su surprendre, représentant un crocodile ressemblant à un lion avec une crinière luxuriante et un mohawk à la dernière mode... Le crocodile a eu l'hydre plutôt rancunier. Il sort non seulement du crocodile dans un endroit inapproprié, mais le mord aussi vicieusement dans le dos.
L'hydre tue le crocodile. Manuscrit du Getty Museum de Los Angeles (MS. Ludwig XV 4, fol.88v.)

Des créatures étranges, terribles, mystiques et merveilleuses habitaient le monde de l'homme médiéval. Habitants étranges des bestiaires médiévaux. Figures laides assises sur les corniches des cathédrales. Des ombres menaçantes tapissent au fond des choeurs de l'église. Loups-garous, loups-garous, amphisbens, basilics, chimères, manticores et licornes. Dans la littérature médiévale de divers genres, les bestiaires, les encyclopédies, dans les notes des voyageurs et des missionnaires, des créatures exotiques humanoïdes et zoomorphes sont très souvent décrites.

Ils sont reproduits dans l'iconographie, les sculptures de cathédrales romanes et gothiques, les miniatures de livres de cette époque.

Et aujourd'hui, de nombreuses fictions et même des livres scientifiques ont été écrits à leur sujet, de nombreux films angoissants ont été tournés. Pendant ce temps, les faits tirés des histoires décrites comme vraies témoignent des incidents avant lesquels de nombreux films d'horreur ressemblent à des contes de fées pour enfants racontés avant le coucher. Sur les pages de chroniques qui se sont ternies de temps en temps, on peut parfois trouver des références à beaucoup de choses qui semblent miraculeuses, impossibles et inexplicables.

Dans la représentation de toutes sortes de créatures mystérieuses et étranges, un trait essentiel de la pensée du Moyen Âge se manifeste : son amour pour le miraculeux et le fantastique. Les monstres habitaient des territoires lointains et inexplorés par l'imaginaire médiéval. La géographie du chimérique se concentrait à l'Est. Habités, en fait, partout dans le monde, les monstres préféraient clairement l'Inde et l'Éthiopie (qui se confondaient presque dans l'imaginaire d'un homme médiéval). L'Inde en général depuis l'époque d'Alexandre le Grand a été décrite comme une terre de merveilles. Cependant, la tradition elle-même ne se limite pas à la période médiévale - ses origines doivent être recherchées plus tôt. Le Moyen Âge a hérité ses monstres principalement de l'Antiquité. Des versions peuvent être vues dans l'Orient arabe (histoires sur Sinbad le marin), dans la peinture médiévale tardive (toitures de Bosch et Bruegel).

Déjà les Grecs antiques sublimaient de nombreuses peurs instinctives dans les images de monstres mythologiques - griffons, sirènes, etc., mais les rationalisaient également en dehors de la sphère religieuse : les écrivains antiques inventèrent des races de personnes et d'animaux monstrueux avec lesquels ils s'installèrent dans le lointain Orient. Hérodote dans ses "Histoires" parlait de satyres et de centaures, de gigantesques fourmis rouges-chercheuses d'or, de serpents avec des ailes de chauve-souris, etc. Au IVe siècle av. e. L'écrivain grec Ctésias de Cnide a décrit les fabuleux monstres de l'Inde. Vers 300 av. e. un autre Grec - Mégasthène - a recueilli des informations sur des monstres connus de son époque dans un traité sur l'Inde. Dans ces œuvres, pour la première fois, apparaissent des descriptions de peuples et de créatures étranges, qui exciteront ensuite l'imagination des peuples du Moyen Âge européen pendant si longtemps.

Il y a des créatures sans bouche vivant à l'Est, se nourrissant de l'odeur de poisson frit et d'un arôme de fleur (leumans), et des personnes avec de longues oreilles et un œil, et des personnes avec une tête de chien, dont la bouche au lieu de la parole humaine un chien aboie (cinocéphalique) s'échappe. L'homme médiéval non seulement ne se considérait pas isolé de ses monstres, mais il reconnaissait même sa parenté avec eux. On savait que les faunes sont les descendants directs des anciens bergers, et les cinocéphales sont nos frères d'esprit. Discutant avec frère Rimbert de la question brûlante de savoir s'il vaut la peine de baptiser les têtes de chien, le moine Ratramn arrive à la conclusion que, bien sûr, c'est le cas : après tout, de toute évidence, ils ont une âme pensante et des idées sur la moralité 1.

Pendant près d'un millénaire et demi, les informations de ces écrivains étaient la seule source de connaissances sur l'Inde et d'autres pays asiatiques. Ils ont été empruntés au 1er siècle par Strabon et Pline l'Ancien comme base de descriptions géographiques, et au 3ème siècle l'écrivain Julius Solin a compilé une compilation de toutes ces œuvres - "Collection of Memorable Things". Au Moyen Âge, des œuvres d'un genre particulier étaient consacrées aux descriptions de monstres, les soi-disant bestiaires, racontant des animaux - fictifs et réels. Ces histoires de monstres étaient accompagnées d'interprétations dans l'esprit de la symbolique chrétienne. Les traditions de l'antique hybridation « chimérique » y recoupent parfois le dogme chrétien.

Par exemple, trois des quatre évangélistes étaient associés à des animaux : Jean - l'aigle, Luc - le taureau et Marc - le lion (l'ange était le symbole de Matthieu). A noter que parmi tous les animaux réels, le lion était le plus populaire dans les bestiaires gothiques. L'image de cette créature servait autrefois de métaphore pour l'éloge des rois assyriens et perses. L'Église chrétienne a hérité de cette tradition, identifiant le lion avec le Christ - le "Roi des Juifs". Les théologiens ont comparé le lion, qui aurait couvert ses traces avec sa queue, avec le Sauveur, qui erre de manière invisible parmi les gens. On croyait que si une lionne donnait naissance à des lionceaux morts, alors dans trois jours, le père lion viendrait à eux et les ranimerait.

Une autre croyance commune était qu'un lion malade pouvait être guéri en mangeant un singe (la personnification du mal dans le symbolisme chrétien primitif). Et enfin, les gens croyaient que le lion dort toujours les yeux ouverts, ce qui représente un exemple de vigilance et de prudence, c'est pourquoi les statues de lion gardaient les monuments, les tombes et les entrées des églises, et tenaient également les poignées de porte entre leurs dents. Cependant, le lion gothique pourrait aussi signifier quelque chose de négatif. Ainsi, si une tête de lion décorait les seuils de porte ou tenait un agneau entre ses dents, un tel "roi des bêtes" était l'incarnation de la malice sauvage (dans certains cas - l'orgueil, l'un des péchés capitaux). D'autres animaux symboliques du bestiaire gothique sont le bélier (le berger menant le troupeau), le chien (dévotion), le renard (ruse, habileté, moins souvent la mort), les singes (chute de l'homme), la chèvre (omniscience) et le bouc (péché charnel).

Les descriptions d'animaux ont été tirées principalement de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien. Une autre source de ces emprunts est le Physiologiste, né à Alexandrie au IIe siècle, contenant 49 histoires d'animaux exotiques, d'arbres, de pierres, etc. En particulier, ces ouvrages ont été largement utilisés par Isidore de Séville dans ses Étymologies. Aux XII-XIII siècles, les descriptions de monstres deviennent partie intégrante des traités encyclopédiques (appelés "Image du Monde" ou "Miroir") Le but de ces ouvrages est de recréer l'historien naturel du monde depuis le jour de la création . Ils comprenaient des sections spéciales de pays lointains, en particulier sur l'Inde, avec des descriptions correspondantes de monstres. Ainsi, par exemple, les rubriques "Sur les monstres" ou "0 (L'Inde et ses merveilles" se trouvent dans Raban Maurus, Honneurs d'Augustodun, Vincent de Beauvais, Albert le Grand, Gervasu de Tilbury, Bartholomew d'Angleterre, Brunetto Latini, etc. A l'époque des croisades, le chroniqueur Fulcherius de Chartres et l'écrivain Jacques Vitriysky se plaisaient à décrire les animaux fabuleux, que les croisés ne tardèrent pas à découvrir en Terre Sainte. avec la généalogie des monstres, leur physiologie et anatomie, le comportement d'alimentation et de reproduction.Des conseils pratiques sont également donnés : comment chasser les monstres (le helka doit être attrapé quand il dort, on ne peut tuer qu'en lui coupant la tête) et comment utiliser diverses parties de leur corps (où une touffe de fourrure d'un petit éléphant est brûlée, un dragon n'apparaîtra jamais, et les cendres d'onos mélangées aux siennes avec du sang, un remède efficace contre la folie et les calculs vésicaux).

Par exemple, Borges dans son « Livre des créatures fictives » a écrit : « Dans sa diversité, le monde des créatures fantastiques aurait dû surpasser le vrai, car un monstre fantastique n'est qu'une combinaison d'éléments trouvés dans les êtres vivants, et le nombre de de telles combinaisons est presque infinie. Nous aurions pu produire d'innombrables créatures faites de poissons, d'oiseaux et de reptiles. Nous serions limités par seulement deux sentiments - la satiété et le dégoût. Le nombre total de monstres est grand, mais très peu peuvent affecter l'imagination. La faune de la fantaisie humaine est bien plus pauvre que la faune du monde de Dieu. »

Pendant longtemps, l'histoire n'a pas considéré les parcelles liées aux animaux. Toutes les histoires intéressantes sur les animaux semblaient vides et inutiles aux historiens. Il était considéré comme absurde d'éclairer toute la recherche sur les animaux. Mais cet avis est dépassé. Les scientifiques ont remarqué que l'animal, considéré dans un certain contexte, aide à analyser différents domaines de l'histoire : social, juridique, symbolique, religieux et autres. Les médiévistes ont joué un rôle majeur dans la compréhension de l'image d'un animal dans l'histoire. Il convient de noter que les documents avec lesquels travaillent les médiévistes. Dans ces sources, les scientifiques tombent constamment sur des références à des animaux. Les animaux peuvent être vus dans les images, l'art populaire, les malédictions. En outre, les animaux sont la décoration des églises.

Les principales sources sur les animaux sont les bestiaires. Bestiaire - une collection d'articles sur les animaux, qui décrivent en détail toutes sortes de créatures réelles et inexistantes. Peut être attribué à un genre littéraire médiéval particulier. Le bestiaire peut être divisé en deux parties. La première partie décrit la physiologie de l'animal. Dans cette partie, ils ont décrit la structure de l'animal, ses habitudes. La seconde partie est théologique. Il interroge le sens de l'animal dans la chrétienté. Mais les deux parties de la description des animaux sont étroitement liées l'une à l'autre. Les bestiaires étaient particulièrement populaires aux XII-XIII siècles, divers bestiaires sont apparus, l'ensemble des êtres vivants était différent pour chaque auteur.

Dans les bestiaires, l'idée de la bête apparaît non seulement comme un phénomène naturel, mais aussi comme un phénomène culturel. Les animaux sont utilisés comme symboles. Les images d'animaux peuvent être lues comme du texte. Les bestiaires expliquent l'animal. Une telle explication ne se trouve pas, par exemple, dans les temples. Il n'y a qu'une image sans texte. Les peuples médiévaux recherchaient constamment la langue de Dieu. Dieu n'a pas de langage, mais comment il communique avec les gens. Il communique par symboles. Dans le langage des choses, donc, les animaux sont les choses avec lesquelles Dieu parle. Il y a toujours une antithèse dans le langage de Dieu : le bien et le mal, le juste et le pécheur. Les gens du Moyen Âge ont remarqué la même chose chez les animaux. Chaque animal pouvait être vu du côté du bien et du côté du mal.

Dans mon travail, je veux comprendre quel rôle les animaux ont joué dans la société médiévale. Comment les gens comprenaient-ils les animaux ? Quelle place leur a été donnée dans le monde ? Que voulaient dire les gens médiévaux, représentant diverses créatures dans les décorations des temples, des maisons, leurs armoiries.

Le bestiaire médiéval permet de comprendre comment nos ancêtres pensaient le monde qui les entourait. L'homme médiéval a toujours recherché un lien entre le visible et le caché. Cela se réfère principalement à ce qui est dans ce monde et à ce qui est dans l'autre monde. Ainsi les animaux au Moyen Âge sont quelque chose de différent, pas ce qu'ils essaient de paraître, ainsi, dans les bestiaires, deux réalités se heurtent : l'une visible. Et l'autre est symbolique. Ainsi, au Moyen Âge, ils étaient souvent engagés dans la sémiotique, c'est-à-dire l'unification de différentes parties en un tout. Si souvent, les peuples médiévaux ont représenté le diable en utilisant différentes parties du corps de différents animaux. Pour expliquer de telles images, bien sûr, vous devez comprendre la signification symbolique de chacune. C'est-à-dire que les créateurs médiévaux se sont écartés de l'habituel, cette déviation a aidé à montrer la collision des contraires. Toujours deux parties de choses différentes combinées en un tout portent un symbole différent.

Par exemple, l'un des animaux les plus populaires au Moyen Âge est le lion. Les lions se retrouvent partout, dans les images, les sculptures, les motifs de tissage. Les lions sont particulièrement populaires dans la décoration des églises. On le voit aussi dans le décor des livres. Le lion est la figure la plus courante dans l'héraldique médiévale. Sur 15 % des blasons, on retrouve l'image de ce prédateur. Même de nombreux souverains héréditaires ont mis un lion sur leurs armoiries, l'exception à la règle est l'empereur et le roi de France. Je reconnais tous le lion comme le roi des bêtes. Les auteurs de bestiaires lui attribuent les vaillantes qualités de la guerre.

Beaucoup ont vu dans le lion l'image du Christ. Cela a été prouvé en raison de la physiologie et des habitudes de cet animal.

1. Les lions adorent chasser dans les hautes terres. S'il remarque la poursuite, alors il couvre ses traces avec sa queue, il est impossible de le trouver. On peut dire la même chose du Christ. Le diable a essayé de le tenter, mais il n'a pas cédé.

2. Les lions dorment les yeux ouverts. De même, le Seigneur a été tué sous forme humaine, mais son essence divine était éveillée.

3. Les lionnes mettent bas des oursons morts, et ils restent morts pendant trois jours, jusqu'à ce que le père, le lion, vienne les ranimer avec son souffle. Dieu a fait de même lorsqu'il a ressuscité Jésus-Christ le troisième jour.

4. Les Lions sont également très patients avec les gens, ils n'attaqueront jamais en premier. Seule une blessure peut irriter cet animal. Autrement dit, le lion est un animal noble.

5. De même, un lion ne mange jamais trop. Ils mangent et boivent à des jours différents. Et aussi s'ils sentent qu'ils ont beaucoup mangé. Ensuite, ils sortent soigneusement la viande de la bouche avec leurs pattes.

Toutes ces caractéristiques ont permis aux peuples médiévaux de considérer le lion comme l'incarnation du Christ.

Le nom de l'animal est interprété comme un dérivé du mot grec leon, qui se traduit par « roi ». C'est-à-dire que même dans son nom, le pouvoir et la force sont concentrés.

Comme pour tout animal, les peuples médiévaux voient des côtés négatifs chez le lion. Il est cruel, assoiffé de sang, il éprouve souvent de la colère. Il n'utilise pas son pouvoir pour de bon. C'est-à-dire que parfois le combat d'un homme avec un lion est considéré comme un combat avec Satan. Cela peut être retracé dans de telles histoires sur David ou Samson. Un trait d'un lion est souvent utilisé dans les représentations du diable - la colère. La colère contre les créations médiévales est représentée comme un mensonge 8. La même position des lèvres est représentée sur des toiles avec des lions ou le diable.

Mais le plus souvent, l'image d'un lion est associée au bien. Ainsi, il fallait trouver une opposition au roi des bêtes. C'est-à-dire faire un mauvais lion qui veut prendre la place d'un bon. Le léopard est devenu un tel lion. Il ressemble beaucoup à un lion, sauf qu'il n'a pas de crinière et qu'il a une couleur marbrée. Il est le roi déchu des bêtes. Ses taches sont le principal indicateur de son état de péché. Chaque tache est une figure de péché. Ainsi, dans l'art médiéval, le diable est souvent représenté comme grêlé, c'est une référence au léopard pécheur.

Si nous continuons à considérer la famille féline, alors un autre animal aimable est la panthère. Dans le monde médiéval, la panthère et le léopard ne sont pas identiques. Dans la culture médiévale, ce sont des animaux différents. La panthère est noire, il n'y a pas de taches dessus. Cette bête n'a pas d'ennemis à part le dragon. La panthère sent bon, cette odeur fait peur au dragon et il fuit l'odeur de la panthère. C'est l'un des principaux symboles de la bonté, car le dragon a toujours été considéré par les peuples médiévaux comme le diable.

Un dragon pour un homme médiéval est un animal absolument réel. C'est le plus grand de tous les serpents et autres animaux. Diverses descriptions de dragons peuvent être trouvées dans les bestiaires. D'un côté, c'est juste un gros serpent. D'autre part, il a été décrit comme un grand lézard volant. La principale caractéristique du dragon est qu'il guette. Il attend sa proie, puis la tue. Le diable fait de même, il piège une personne sur le chemin de Dieu. Si nous considérons cet animal du point de vue de la littérature, de nombreux chevaliers représentés avec un bouclier sur lequel un dragon était représenté étaient des païens.

Il est intéressant de noter que de nombreuses créatures inexistantes sont toujours notées dans les bestiaires : sirènes, licornes, manticores et autres. Pour l'homme moderne, il est évident qu'il s'agit de créatures mythologiques, mais les peuples médiévaux n'ont pas interprété de manière critique la plupart des données, ils ont utilisé des auteurs anciens comme sources vérifiées et fiables. Une grande partie des informations qui entraient dans les bestiaires étaient les légendes de différentes personnes. Ainsi, par exemple, les chasseurs ont parlé. Que l'ours donne naissance à des grumeaux informes. Les auteurs n'avaient aucune raison de ne pas les croire. Après tout, lui-même n'avait jamais rencontré d'ours.

Ainsi, l'une des caractéristiques du Moyen Âge est la croyance que la mer répète complètement la terre. Que tout dans le monde est parallèle. Il y a un chien sur terre, dans la mer il y a son analogue - un requin. On ne peut pas contester le fait qu'il y a un cheval sur terre et que les hippocampes vivent dans l'eau. Cela signifie que si tous les animaux ont leurs homologues, alors vous pouvez trouver des homologues humains dans la mer. Ainsi, en 1554, un dessin d'un poisson évêque a été publié; auparavant, cette créature était prise pour un monstre. Certains scientifiques soupçonnent que ces animaux étaient des morses. Mais la chose la plus importante dans cette théorie des doubles est que les créatures mythologiques étaient la norme pour l'homme médiéval. Ainsi, les sirènes ou les sirènes ne sont que des hommes et des femmes aquatiques.

Mais non seulement les histoires et théories orales, les intrigues mythologiques occupent également une place énorme. Ainsi, les habitants du Nil, effrayés par les Bédouins à cheval, le prirent pour une créature sans précédent, qu'ils appelaient un centaure. Cela était noté sur les parchemins. Cette intrigue a longtemps été oubliée, mais les auteurs de bestiaires l'ont prise au sérieux et l'ont décrite dans leurs écrits.

L'ancienne religion était également d'une grande importance, lorsque les gens adoraient divers dieux. Tant de ces dieux avaient des traits humains et animaux. De ces croyances religieuses antérieures, des créatures inhabituelles ont également émergé. Par exemple, le taureau persan ailé a été décrit plus tard comme un griffon.

Une autre raison de l'apparition d'animaux invisibles est l'étymologie. Les érudits de l'époque étaient passionnés par la traduction, la transcription et l'interprétation. La Bible a été écrite en plusieurs langues et constamment traduite. Mais il arrivait souvent qu'une langue ne puisse fournir d'analogues à aucun mot. Des problèmes de langue en découlent. Par exemple, le basilic n'apparaissait qu'à cause de la lettre c qui figurait dans le mot basilic. Ces changements sont inévitables car les bestiaires ont été traduits et réécrits au fil des ans.

Les bestiaires étaient d'une grande importance pour l'homme médiéval. En effet, dans chacune de ses actions, il a vu une conversation avec Dieu. Ainsi, par exemple, à l'époque médiévale, la chasse au sanglier s'est arrêtée. Maintenant, les gens voulaient attraper un cerf tranquille au lieu d'un sanglier.

Le sanglier, un animal qui était loué par les anciens chasseurs et considéré comme un honneur de tuer un sanglier pendant la chasse, a perdu son attrait à l'époque médiévale. Dans les bestiaires, cet animal a accumulé en lui-même six péchés capitaux : la cruauté, la colère, l'orgueil, la luxure, la gourmandise, l'envie et l'indolence. L'apparence de l'animal rappelle aussi l'enfer : de la laine noire, une clavicule bombée, une odeur désagréable, un rugissement terrifiant, des crocs pointus saillants.

Contraste avec sanglier - cerf. Le cerf est l'animal du Christ. Le cerf devient un animal pur et chaste, et prend donc la place de la proie royale. Bien que dans les temps anciens, le cerf ait pris la place d'une bête lâche, ce qui ne vaut pas la peine de perdre du temps.

Ainsi, la culture médiévale a transformé le rituel de chasse dans une toute nouvelle direction.

L'Église n'a jamais accueilli la chasse, mais elle n'a pas pu l'éradiquer complètement. Mais avec l'aide de l'interprétation des animaux et des symboles, l'église a pu orienter la chasse dans une direction plus pacifique. Elle rendait la chasse moins dangereuse. La dangereuse chasse au sanglier ou à l'ours était une mauvaise voie, un chrétien n'aurait pas dû la suivre. Il a dû choisir un cerf. Ainsi, la symbolisation des animaux a contribué à réguler cet aspect.

Au Moyen Âge, l'attitude envers les animaux était ambivalente. D'une part, l'animal doit être très différent de la personne. L'homme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, et l'animal est un être imparfait et impur. C'est pourquoi les animaux apparaissent si souvent dans les représentations ou les écritures médiévales. Ce sont des tentatives pour montrer la différence. Il ne peut y avoir rien de commun entre un animal et une personne. C'est pourquoi au Moyen Âge il était interdit de se déguiser en animal ou d'imiter le comportement d'un animal. Il était également impossible d'honorer les animaux. Les gens n'étaient pas censés avoir de relations avec les animaux, de l'attachement à un animal particulier, comme un cheval ou un chien, à des atrocités comme la sorcellerie et la bestialité.

Mais d'un autre côté, certains auteurs médiévaux parlent de la parenté de tous les êtres vivants. Ils se sont demandé si Jésus-Christ est venu pour sauver tous les êtres vivants, si tous les animaux sont inclus dans la définition de « tout » et s'ils sont inclus du tout. L'une des preuves que les animaux ont également reçu le salut est la naissance de Jésus-Christ dans une étable, à côté des animaux. A la fin du XIIIe siècle, des questions sur la vie future des animaux ont également été abordées : sur l'entrée des animaux au ciel. La vie terrestre des animaux a également été discutée : si les animaux doivent jeûner, et s'il est possible de les faire travailler le dimanche. Mais la question principale est : un animal peut-il être considéré comme une créature moralement responsable de ses actions ?

L'intérêt pour la responsabilité morale des animaux peut être illustré de manière frappante par l'examen des essais sur les animaux. Ces procédés sont connus depuis le milieu du XIIIe siècle, on sait qu'ils se sont déroulés pendant environ trois siècles.

En 1386, un cochon est exécuté à Falaise en Normandie. Elle portait des vêtements humains. Tout d'abord, l'animal a été attaché à un cheval et traîné dans les rues. Un échafaudage a été érigé sur la rue Yamochnaya et une potence a été érigée. Le cochon a été défiguré, la moitié de son museau et la viande de ses cuisses ont été coupées, puis suspendues par ses pattes arrière. À cause des blessures, l'animal est mort rapidement. A la fin, le cadavre du cochon a de nouveau été traîné dans les rues. Les restes de l'animal ont été brûlés. Un peu plus tard, cet événement a été immortalisé sur un panneau dans l'église.

Le cochon a été condamné à une telle mort du fait qu'il était coupable de la mort du bébé. Elle a partiellement mangé son visage et ses jambes. C'est le genre de blessure qui lui a été infligée. Il est intéressant de noter que ce n'est pas le propriétaire du cochon, ni les parents qui ont quitté l'enfant, n'ont été punis. On croyait que la punition pour le propriétaire était la perte du porc et, par conséquent, des revenus. Les parents sont punis par la perte d'un enfant.

Il ne s'agit pas d'un cas isolé d'exécution d'un animal. C'était une pratique courante. L'animal qui a commis le crime a d'abord été placé en garde à vue, un peu plus tard une audition a eu lieu et le verdict a été prononcé, puis son exécution a eu lieu. L'animal avait même un advakat, mais sa fonction était plutôt formelle, car il ne cherchait en aucune façon à justifier l'animal.

On peut également conclure que les animaux peuvent avoir été torturés pendant la détention. Par exemple, en 1457, il a été enregistré que, sous la torture, un cochon a avoué avoir tué un enfant et l'a partiellement mangé en nourrissant ses six porcelets avec sa victime.

Les processus et les punitions ont été effectués non seulement sur les animaux de compagnie, et pas toujours dans un seul ordre. Ainsi, les souris des forêts, les limaces ou les coléoptères pourraient être punis. Ces punitions étaient généralement de la responsabilité de l'église. Si souvent, différents animaux ou insectes ont été excommuniés, soumis à l'anathème parce qu'ils nuisent aux cultures. Ainsi en 1516, dans la région de Vilnoks, les criquets ont été priés de quitter pacifiquement le vignoble dans les six jours, sinon les criquets seraient excommuniés de l'église. Ces menaces concernaient de nombreuses espèces : limaces, chenilles.

Ces cas collectifs ont laissé beaucoup d'informations dans les archives, peut-être est-ce dû au fait qu'ils étaient traités par l'église.

Ainsi, il est possible d'identifier une typologie des processus sur les animaux, ils peuvent être divisés en trois types.

1. Affaires individuelles contre des animaux domestiques, un individu. Habituellement, il s'agissait du meurtre ou de la blessure d'une personne. Cette affaire est un crime. Ces questions ne sont jamais traitées par l'église. C'est une question de pouvoir séculier. Habituellement, la personne coupable passait par toutes les étapes du processus, mais si elle réussissait à s'échapper, elle était alors remplacée par une autre. La seule exception était que la peine n'a pas été exécutée.

2. Affaires collectives contre des animaux de grande ou de petite taille. Il peut s'agir de loups ou de sangliers, ainsi que de petits rats ou même d'insectes. Ils étaient accusés soit de mettre en danger la sécurité des personnes, soit de détruire des récoltes. L'église était engagée dans ces affaires, généralement elle maudissait, anathématisait ou excommuniait toute l'espèce. Ce processus s'expliquait par le fait que Dieu maudit le serpent, qui devint l'instrument du diable.

3. Ce sont des crimes liés à la bestialité. On sait peu de choses sur ce type, car après le verdict, les documents liés à cette affaire ont été brûlés avec les criminels. Des criminels humains et animaux ont été placés vivants dans un sac et brûlés vifs.

Le plus souvent, les porcs étaient impliqués dans les tribunaux. Cela peut s'expliquer de différentes manières. Premièrement, les porcs étaient l'animal de compagnie le plus populaire. Deuxièmement, ces animaux étaient plus libres de se déplacer que les autres. Dans les villes, ils jouaient le rôle de charognards, ils pouvaient donc être vus partout. C'est pourquoi, il leur suffisait de simplement causer des dommages et des accidents. Troisièmement, c'est une relation avec une personne. Pour un homme médiéval, le cochon est l'animal le plus proche. Ils pensaient que cet animal est plus similaire anatomiquement aux humains que les autres. Et si un cochon est anatomiquement similaire à une personne, il est fort probable qu'il lui ressemble mentalement.

Tous ces procédés servaient au Moyen Age d'édification. C'est une sorte de rituel qui démontre une justice équitable. C'est une démonstration que même les animaux ne peuvent pas échapper à la loi. Cette action montre également l'ensemble du processus d'enquête.

Au Moyen Âge, les gens cherchaient un sens à tout. Le langage des choses - le langage était considéré comme le sens du langage avec Dieu. Des bestiaires donnaient une interprétation à chaque animal, expliquaient sa signification. D'une part, cela a aidé l'église à réguler les activités sociales telles que la chasse. D'un autre côté, les autorités laïques pourraient utiliser les animaux comme intimidation et démonstration de leur justice. Il est impossible de ne pas considérer l'importance des images d'église, où différentes parties de l'animal décrivent le diable.

Il ne faut pas oublier qu'en revanche, l'animal a toujours été placé au-dessous de l'homme, car il n'a pas été créé à la ressemblance de Dieu. Par conséquent, toute adoration était considérée comme une déviation de la foi.

Bibliographie

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Il semble paradoxal que l'une des sources du genre moderne de l'encyclopédie soit théologique, mythologique - en général médiéval dans tous les sens du terme. La raison en est probablement la nature très contradictoire du bestiaire, dans lequel dogme antique et conscience métaphorique médiévale étaient étonnamment mêlés.

Origines : antiquité

L'un des pères du bestiaire peut être considéré comme Aristote avec son œuvre phare "Historia animalium", qui n'était pas un bestiaire au sens plein du terme (ce genre suppose une structure spécifique, qui sera discutée ci-dessous), mais a servi de une source d'information pour les auteurs médiévaux. L'"Histoire" d'Hérodote contient de nombreuses informations sur les créatures réelles et mythologiques - par exemple, nous y voyons l'une des premières mentions d'un griffon dans l'histoire. A Alexandrie au IIe siècle. n.m. e. a été compilé par un « physiologiste » anonyme (plus tard ce mot devient un mot familier et désigne un genre littéraire distinct), contenant une description détaillée des animaux réels et mythiques.

Le "Physiologue" nous est déjà parvenu dans la version médiévale révisée, à laquelle a été ajoutée la "morale" - une leçon que nous pouvons tirer de l'observation de cette créature. L'analyse stylistique permet de supposer que ces insertions n'étaient pas présentes dans la version originale. D'une manière ou d'une autre, "Physiologue" a eu un impact significatif sur la compréhension du monde de la faune - le texte a été traduit dans de nombreuses langues et était considéré comme une source faisant autorité dans de nombreuses cultures, y compris le monde orthodoxe.

En général, le physiologiste en tant que genre se développe parallèlement au bestiaire. Il est fondamentalement important de ne pas confondre ces deux notions : le physiologiste est l'ancêtre direct des encyclopédies modernes, puisqu'elle contient exclusivement des faits scientifiques (du moins à cette époque) et sert principalement à des fins éducatives.

Le bestiaire a une fonction beaucoup plus complexe et spécifique. Dans cet article, nous tenterons de retracer le destin du bestiaire et du physiologiste, en gardant à l'esprit cette différence fondamentale.

La tradition antique ne peut être considérée au sens plein comme le fondement idéologique du genre bestiaire, mais c'est elle qui a donné à ce genre une complétude et un caractère particulier, à bien des égards contradictoire, alliant autorité et prétention à caractère scientifique et composante créatrice. associée au caractère métaphorique du contenu du bestiaire.

Pères de l'Église et allégorie

Le genre du bestiaire lui-même, en tant que tel, est déjà originaire de l'Europe médiévale et d'une source apparemment éloignée de la recherche scientifique des anciens savants - les sermons. Les premiers prédicateurs utilisaient des allégories pour transmettre plus clairement leurs pensées au troupeau, et ils s'appuyaient comme sur d'anciens travaux savants (le nombre écrasant de ministres de l'église étaient alphabétisés, et beaucoup connaissaient et même admiraient les écrits des grands païens - la preuve de cela peut se trouvent même dans la "Confession" du Bienheureux Augustin) et l'Ancien Testament, la source de descriptions de nombreux animaux, à la fois réels et fictifs. La culture médiévale nous enseigne que de toute régularité de la nature qui nous entoure, une personne peut tirer une leçon utile pour elle-même - il ne peut en être autrement, car tout ce que nous voyons autour de nous est créé par Dieu, et le but de notre vie est d'écouter à sa parole et trouver partout des traces de sa volonté.

L'analphabétisme de l'écrasante partie de la population européenne a eu un impact énorme sur la formation non seulement de la culture médiévale, mais aussi de la conscience médiévale en général. Parmi les formes d'information disponibles, seules les images visuelles étaient possibles (c'est pourquoi on trouve dans les églises catholiques anciennes tant d'images illustrant les Saintes Écritures : une telle forme permettait à tout paroissien ne sachant pas lire de se familiariser avec les principales intrigues bibliques et histoires de la vie des saints) ou des genres oraux.

Pélican. Illustration pour le manuscrit MS. Ashmole 1511 (XII-XIII siècles)

Il est évident que la théologie n'est pas la science la plus simple, puisqu'elle traite, entre autres, du sens de la vie, du bien et du mal, et d'autres questions, une réponse sans ambiguïté à laquelle est fondamentalement impossible. Délivrer une pensée complexe aux masses sous la forme la plus accessible est tout un art, auquel l'œuvre des Pères de l'Église a été en partie consacrée. C'est ce besoin qui a donné naissance à l'incroyable popularité des allégories - des allégories stables, dont chaque personne médiévale a littéralement absorbé la signification avec le lait maternel. Tout paysan, voyant l'image de deux archanges, savait exactement lequel d'entre eux était Gabriel et qui était Michel (le premier est toujours représenté avec un lys à la main et le second avec une épée) et pouvait facilement lire toute l'histoire à partir de les fresques sur les murs de l'église, dont il m'aurait certainement tiré une leçon de morale. Il en est de même des sermons oraux : de même que nous étions habitués dès l'enfance au fait que le renard est rusé et le lièvre lâche, de même il était évident pour la conscience médiévale que la licorne nous enseigne la piété et le loup la prudence. Par conséquent, le bestiaire remplissait, d'une part, la fonction d'ouvrage de référence du prédicateur, et d'autre part, était une sorte de source faisant autorité, excluant les désaccords entre les ministres de l'église sur ces questions.

Dans la structure du bestiaire, la double essence de l'origine de ce genre est clairement visible. Chaque article se compose de deux parties : la première décrit en détail l'apparence, les propriétés et les habitudes de l'animal, et la seconde partie est une sorte de conclusion, la moralité, qui peut être déduite des caractéristiques ou du comportement de cette créature. Il est intéressant de noter que nous parlons non seulement de propriétés réelles, mais aussi de celles qui ne sont pas confirmées par la science moderne. Par exemple, dans le célèbre "Physiologue" de l'évêque Theobald, l'un des premiers et des plus autorisés représentants du genre, il est dit qu'une panthère, en chassant, émet un parfum de sa bouche qui attire ses proies. Cette idée de la panthère a trouvé un grand écho et a migré vers de nombreux autres bestiaires, cette propriété a même été mentionnée par Dante Alighieri dans son traité "Sur l'éloquence populaire".

Délivrer une pensée complexe aux masses sous la forme la plus accessible est tout un art, auquel l'œuvre des Pères de l'Église a été en partie consacrée.

De plus, on ne parle pas toujours d'animaux réellement existants : à côté de créatures réelles comme un lion, un renard, une baleine ou un agneau, les compilateurs de bestiaires peuvent considérer une licorne, un dragon ou une sirène, décrivant en détail leur apparence et les habitudes.

Il est également intéressant de voir à quel point les compilateurs établissent bizarrement des relations dans le monde animal : aucun des animaux n'est considéré en soi, il interagit toujours d'une manière ou d'une autre avec d'autres animaux ou avec les humains. Dans n'importe quel article, vous pouvez découvrir ce qui attire cette créature, de qui a-t-elle peur (ou qui en a peur) et comment vous pouvez utiliser sa fourrure, sa salive ou ses écailles.

Pour plus de clarté, considérons un extrait du physiologiste de l'évêque Theobald (ma traduction) :

Observation des éléphants

Vraiment grands sont les éléphants qui naîtront dans l'Inde lointaine,

Ils sont comparables en taille à de hautes montagnes,

Et ils sont comme des bateaux flottants quand ils errent à la recherche de nourriture -

Ils ne sont jamais engagés dans cela seuls.

Un éléphant vit trois cents ans et n'a qu'un seul petit.

La mère porte l'enfant pendant exactement deux ans.

Quand vient le temps de montrer au monde le miracle de la naissance,

Mère cherche des eaux plus profondes et jaillit debout,

L'enfant tombe à l'eau, car le firmament lui promet la mort.

Quand l'éléphant est fatigué, il cherche un grand arbre

Et sommeille dans son ombre, dans la fraîcheur et dans la béatitude endormie.

Cependant, il ne peut pas s'allonger - ses genoux ne se plient pas,

Et il doit oublier sa longue vie.

Quand le chasseur rusé, ayant remarqué l'arbre précieux,

Le coupe inaperçu, prépare un piège pour l'éléphant,

Et lui, s'endormant par habitude, sera écrasé par un arbre,

Il sonnera de la trompette, afin que ses frères de sang viennent à la rescousse,

Et ceux, sentant le danger, amèneront un éléphant avec eux,

C'est petit, mais ses semblables sont plus intelligents et il peut faire face à un désastre.

Un, il trouvera un moyen de soulever un arbre,

Et les frères, l'ayant écouté, sauveront le malheureux frère.

Et si tu arrives à éclairer les cheveux d'un éléphant, alors fume

Vous chasserez à jamais les serpents et autres reptiles venimeux.

Depuis qu'Adam a été banni du jardin du Paradis du Seigneur,

Ni Moïse ni les prophètes n'ont racheté son péché.

Seul Jésus, qui est venu dans notre monde de tous les derniers,

Petit et faible en chair - ainsi le Seigneur l'a créé -

Il a pu nous donner le salut, et sa parole est si grande,

Qui, comme une odeur merveilleuse, chasse le péché et les ténèbres.

Bien sûr, pour un prédicateur, la réalité ou la fiction de l'animal n'a pas vraiment d'importance - c'est l'allégorie qui est importante pour lui, mais on sait aussi que pendant plusieurs siècles les bestiaires avaient une grande autorité en dehors du milieu ecclésiastique et étaient considérés comme sources assez fiables. Il a fallu beaucoup de temps avant que la science ne développe un scepticisme sain à l'égard des écrits chrétiens et ait la possibilité de distinguer clairement les faits scientifiques de la fabrication de mythes religieux.

Histoire et développement ultérieur du genre

L'un des bestiaires les plus célèbres d'aujourd'hui est le bestiaire dit d'Aberdeen, un document anglais datant du XIIe siècle.

Il est également intéressant de voir à quel point les compilateurs établissent bizarrement des relations dans le monde animal : aucun des animaux n'est considéré en soi, il interagit toujours d'une manière ou d'une autre avec d'autres animaux ou avec les humains.

Ce bestiaire est intéressant principalement parce que nous pouvons non seulement étudier son texte, mais aussi travailler avec des illustrations - le manuscrit est téléchargé en version numérique sur le site Web de l'Université d'Aberdeen.

Au milieu du XIIIe siècle en France, le Bestiaire de l'Amour a été écrit par un certain Richard de Furinval, ce qui est un monument littéraire très original : d'une part, les articles qui le composent sont unis par une intrigue commune et s'y tissent logiquement. ; deuxièmement, la partie allégorique de chaque article nous renvoie non pas à la morale chrétienne, mais aux relations entre amants. Ainsi, "Bestiaire de l'Amour", bien qu'il soit formellement un représentant à part entière du genre, s'écarte en fait de sa fonction principale.

Des éléments du genre ne se trouvent pas seulement dans la tradition européenne. L'ancien traité chinois Shang Hai Jin, ou "Le catalogue des montagnes et des mers", est largement connu. Il s'agit d'une sorte de répertoire géographique décrivant le territoire de la Chine et ses particularités, notamment sa faune. On retrouve ici un mélange de réalisme et de fantaisie caractéristique des bestiaires médiévaux : à côté des animaux auxquels nous sommes habitués, on rencontre un renard à neuf queues pleurant comme un enfant, un chien à visage humain, et même un tigre à tête de chien. tête et queue de cheval.

Le bestiaire connaît une sorte de renaissance à l'époque des Grands Voyages. Par exemple, des éléments du genre peuvent être trouvés dans les notes de Marco Polo.

Cependant, il est évident que la fonction principale du bestiaire meurt avec le Moyen Âge, de sorte que la plupart des chercheurs arrivent à la conclusion que les imitations et stylisations ultérieures ne peuvent plus être pleinement considérées comme des représentants du genre.

Il a fallu beaucoup de temps avant que la science ne développe un scepticisme sain à l'égard des écrits chrétiens et ait la possibilité de distinguer clairement les faits scientifiques de la fabrication de mythes religieux.

Dans la littérature moderne, le regain d'intérêt pour la mythologie (associé principalement à la popularité du genre fantastique) a également ravivé l'intérêt pour les bestiaires, en particulier pour leur composante fantastique. Lorsque, sur la vague de la popularité de la Terre du Milieu de Tolkien, des mondes fantastiques entiers ont commencé à apparaître avec leur propre culture, histoire et géographie, le genre bestiaire a reçu sa prochaine incarnation dans le cadre de ces mondes. C'est ainsi que sont nés le bestiaire d'Andrzej Sapkowski et les bêtes magiques de J.K. Rowling et où les trouver. Une fois encore, nous émettrons une réserve sur le fait que ces œuvres ne peuvent pas être pleinement considérées comme des bestiaires, la fonction principale des bestiaires étant dépassée. Plus précisément, ces travaux (du moins dans leur forme) conviennent mieux à la définition d'un physiologiste, bien que ses traits ne soient que partiellement hérités (n'oublions pas que les physiologistes étaient perçus comme de la littérature scientifique, et non comme de la fiction).

D'une manière ou d'une autre, le genre bestiaire, bien qu'il s'avère non viable dans le monde moderne, est un phénomène littéraire intéressant qui ouvre devant nous une autre face du mythe étonnant, illimité et mystérieux du Moyen Âge. ■

Alexandra Levina