Au Moyen Âge, l'humanité imaginait encore mal non seulement les hommes eux-mêmes, mais aussi, et surtout, les animaux. Le monde semblait alors vaste, plat et peuplé de monstres, de géants et d'étranges créatures inconnues.
Bestiarum vocabulum (Mot sur les animaux) a commencé à apparaître aux XIIe-XIIIe siècles. Des auteurs curieux ou, comme on les appelait aussi, des physiologistes, ont d'abord décrit leurs voyages (pas très éloignés, semble-t-il, d'après ce qu'ils ont vu), liés soit à la guerre, soit à la religion (prédicateurs), soit au commerce. Le propos des auteurs n'incluait pas les objectifs de la zoologie ou de la botanique moderne, les bestiaires étaient plutôt des traités dans lesquels légendes et réalité s'entremêlaient. Les bestiaires comprenaient des recettes de potions, des descriptions des propriétés des pierres et des minéraux - également, souvent, inventés. Tout cela n'était pas éducatif, mais instructif et intimidant.
Dans tous les bestiaires, une brève description de telle ou telle bête ou monstre était accompagnée d'une illustration dessinée par l'artiste, qui n'avait parfois jamais vu les animaux en question. La brièveté s'expliquait par le fait qu'au Moyen Âge, premièrement, le travail d'un écrivain était assez difficile - ils n'écrivaient pas avec des stylos à bille, d'ailleurs, pas dans leur langue maternelle, mais en latin. Deuxièmement, la brièveté était encouragée, puisque de précieux parchemins étaient conservés.
De nombreux voyageurs ont enregistré leurs aventures dans des chroniques, dans lesquelles ils ont également rencontré, ainsi que de vrais événements historiques, complètement fantastiques. Par exemple, dans la "Chronique" d'Albrik du XIIIe siècle, il est rapporté que "le dimanche, après la fête de saint Remigius, une éclipse de soleil s'est produite, et le jeudi de la semaine suivante, disent-ils, ils vu un dragon volant.
Un autre chroniqueur, Matthieu de Paris, comme Albrik, n'a jamais visité l'Orient (bien que tous deux aient décrit l'Orient). Il a écrit un ouvrage sur l'historiographie, basé sur les écrits d'un moine de Wendover et intitulé "The Great Chronicles". L'auteur lui-même a illustré le premier volume, représentant un éléphant sur les pages du livre. Sur la carte de la Palestine, Matthieu a représenté un chameau. Les Européens connaissaient plus ou moins cette terre, bien que dans les descriptions il y ait aussi des dragons dévorant les gens et "aspirant des vagues en eux-mêmes". Mais moins les territoires étaient connus, plus les rumeurs et les légendes sur les monstres s'élevaient autour d'eux. Et de plus en plus souvent, ils se sont rencontrés dans les récits des chroniqueurs, et à partir de là, ils sont tombés dans des bestiaires. Certains carnets de voyage ou ceux consacrés à la description d'un pays en particulier étaient certainement accompagnés d'une liste de monstres et d'animaux vivant sur ces terres.
Il est intéressant de noter que les chroniqueurs, dans leurs textes, ne se sont pas tant appuyés sur leurs impressions personnelles que sur des rumeurs, et n'ont cependant fait qu'occasionnellement référence à d'autres chroniqueurs, qui écrivaient de la même manière selon des rumeurs.
Un merveilleux exemple d'une description supposée est le livre de Jean, évêque de Sultanaiya, "Le livre de la connaissance du monde".
« On dit, écrit l'auteur, que là [dans le Caucase] vivent des borgnes qui mangent de la viande humaine, des chiens, dont une moitié est chien et l'autre humaine (...) Et, comme je entendus par des personnes dignes de confiance, selon les deux versants de la montagne parlent quarante langues différentes, sont en inimitié les uns avec les autres et s'habillent différemment.
L'une des tâches du bestiaire était de diviser les animaux en mauvais - serviteurs du diable et bons - symbolisant le Christ. Les animaux étaient souvent décrits de manière allégorique, et ils doivent être perçus à travers le prisme du christianisme. Les bestiaires soutenaient et observaient la morale (surtout, mais néanmoins), et donc la fiabilité de ces livres a été évaluée en dernier.
D'où les descriptions insolites et drôles d'animaux que nous connaissons. Par exemple, un blaireau est un animal sale qui vit dans des terriers de montagne. Un blaireau creuse en avalant de la terre, tandis que les deux autres tiennent un bâton avec leurs dents. Lorsque la pelleteuse est remplie à ras bord, il s'accroche à ce bâton, et le reste des blaireaux le tire hors du trou pour le vider...
Bestiaire
Bonnacon- une bête comme un taureau, mais ses cornes ne conviennent pas à la protection. Bonnacon ne doit pas être chassé. Il est capable de tirer un flux d'excréments sous sa queue, volant au loin sur une longue distance et brûlant toute vie.
diamant- si vous le gardez dans la maison, les démons ne vous dérangeront pas. Vous ne pouvez détruire un diamant qu'en le dissolvant dans le sang d'une chèvre.
chameau- ne boit que de l'eau sale, est capable de supporter la soif pendant 3 jours et peut vivre jusqu'à 100 ans s'il n'est pas emmené dans un autre pays où il mourra d'un changement d'air.
Basilic- un croisement entre un coq et un serpent qui pousse à partir d'un œuf de coq. Aime la chaleur et la sécheresse. Il tue les serpents avec son odeur, les oiseaux avec son haleine et les gens avec ses yeux. Ne peut mourir que d'une morsure d'hermine.
Loup- si le loup voit l'homme en premier, l'homme perdra sa voix. Si une personne voit un loup plus tôt, le loup n'attaquera jamais. Pour effrayer le loup, vous devez enlever vos vêtements et battre pierre sur pierre.
Vipère- un serpent qui ne peut pas être enchanté par la musique, car il appuie une oreille contre le sol et bouche l'autre avec le bout de sa queue. Il a un anthrax dans la tête. La femelle tombe enceinte lorsque le mâle met sa tête dans sa bouche. Elle le mord et l'avale. Ayant mûri, le bébé vipère ronge le ventre de la mère et sort, la tuant ainsi. La morsure d'une vipère est très toxique - une personne en transpire du sang et meurt rapidement. La reine Cléopâtre s'est suicidée en se mordant avec une vipère.
Hyène- une créature bisexuelle qui déchire les tombes et dévore les cadavres. Une pierre est cachée dans son œil - si vous la mettez sous votre langue, vous pouvez prédire l'avenir. Un chien qui marche sur l'ombre d'une hyène perd sa voix.
oies- capable de sentir une personne mieux que tout autre animal. Ce sont les oies qui ont sauvé Rome de l'invasion des Gaulois.
perle- pousse dans des roches appelées huîtres. Parfois, ils s'ouvrent et absorbent la lumière du soleil, des étoiles et de la lune. De tout cela, des perles sont formées qui, étant dissoutes dans la rosée, traitent n'importe quelle maladie.
Grues- se battre avec des pygmées et remplir leur estomac de sable pour être plus stable en vol. Quand tout le troupeau dort, la grue de garde tient une pierre dans sa patte. S'il s'endort, il le laissera tomber et se réveillera immédiatement.
lièvre- un animal très rapide qui peut changer de sexe. En hiver, ils mangent de la neige et blanchissent.
oie- oie sauvage poussant sur les arbres. Lorsque l'oiseau atteint une taille suffisante, il tombe de la branche et tombe. Si l'arbre pousse au-dessus de l'eau, l'oie nage intacte, et si elle est au-dessus du sol, elle meurt.
Caladre- un oiseau blanc, signe avant-coureur de la mort. Si elle regarde votre visage, vous vous rétablirez et si elle vous tourne le dos, vous mourrez.
Catoblépas- un taureau à quatre pattes, dont la tête est si lourde qu'il ne peut que regarder le sol. Cela rend ses yeux injectés de sang. Quiconque les regarde mourra.
Crocodile- un monstre qui pleure toujours amèrement après avoir mangé une personne.
hirondelles- quitter les bâtiments juste avant qu'ils ne s'effondrent.
un lion- le roi des bêtes. Il dort les yeux ouverts, couvre ses traces avec sa queue, a peur d'un coq blanc, mange un jour et boit le lendemain. Lorsqu'il tombe malade, il dévore un singe comme médicament. Le mâle et la femelle ne copulent pas comme des animaux, mais comme des personnes - face à face.
Leucrote- un croisement entre une lionne et une hyène, ayant une tête de cheval et une bouche large d'une oreille à l'autre. Au lieu de dents séparées, un leukrota a un os entier qui pousse sur chaque mâchoire.
Chauve souris- un oiseau impur avec des dents, produisant des poussins non pas à partir d'œufs, mais directement à partir de son ventre.
grenouilles- petites créatures aquatiques. Les individus vivant sur terre meurent dès qu'ils sont pris sous la pluie.
Mandragore- une racine curative, de forme similaire à une personne et poussant à l'est, à côté du paradis. Hurle lorsqu'il est tiré du sol. Quiconque entend ce cri meurt ou devient fou. Par conséquent, ils déterrent la mandragore de la manière suivante - ils y attachent un chien affamé et lui font signe de loin avec un morceau de viande. Les éléphants ont besoin de manger cette racine pour tomber enceintes.
Ours- une bête féroce qui dort si profondément en hiver qu'elle peut être blessée jusqu'au sang, mais elle ne se réveille toujours pas. Les oursons naissent sous forme de morceaux de viande informes, mais la mère les lèche, leur donnant l'aspect désiré. Mâle et femelle dorment séparément dans des tanières, creusant un sillon entre elles.
Fourmis- des insectes qui agissent en rangs ordonnés et portent du grain dans leur bouche (si une fourmi n'a pas de grain, elle essaiera de le prendre à une autre), qu'ils mettent ensuite en réserve pour l'hiver. Les fourmis éthiopiennes ressemblent à des chiens et creusent du sable pour en extraire de l'or.
Souris- surgit spontanément dans la terre, à partir de l'humus, d'où son nom (mus).
Singe- une créature qui s'appelle aussi simia, car elle ressemble beaucoup (anglais - similaire) à une personne. Il porte ses petits bien-aimés dans ses bras et ses mal-aimés sur son dos. Cependant, si un chasseur la poursuit, elle laisse son enfant bien-aimé libérer ses mains, et l'enfant mal-aimé est ainsi sauvé.
Onagre- un âne criant 12 fois pendant l'équinoxe. Le chef du troupeau mord les organes génitaux des jeunes onagres afin qu'ils, ayant mûri, ne le concurrencent pas.
Perroquet- un oiseau qui peut apprendre à parler humainement dès son plus jeune âge. L'ancien, cependant, aussi - pour l'entraînement, il doit être battu sur la tête avec une tige de fer.
les abeilles sont les plus petits oiseaux. Ils se développent à partir de vers vivant dans les charognes (en particulier dans le corps des bovins).
Lynx- un loup tacheté dont l'urine durcit en une pierre précieuse comme un anthrax. Le lynx le recouvre de sable pour que l'homme ne trouve pas le trésor.
Salamandre- un lézard si froid qu'il peut être en feu en toute sécurité et même l'éteindre. Sa peau est utilisée pour confectionner des vêtements ignifuges.
Scorpion- un ver avec une piqûre venimeuse sur sa queue. Cela fait mal à une personne n'importe où, mais pas dans la paume.
les éléphants- leurs jambes sont dépourvues de genoux, donc, étant tombés au sol, les éléphants ne peuvent plus se relever. Pour la même raison, ils dorment adossés à un arbre. Pour attraper un éléphant, le chasseur n'a qu'à limer la trompe.
Hibou- un sale oiseau qui chie dans son propre nid et vole à reculons.
Boa- un énorme serpent vivant en Italie. Elle a besoin de bétail pour se nourrir. Elle n'avale pas les vaches, mais les enveloppe dans des anneaux et les traite, et enlève parfois tellement de lait que les victimes meurent.
Furet- un animal sale, conçu comme une vipère (par la tête dans la bouche) et né des oreilles de la mère : le mâle sort à droite, la femelle à gauche.
Lézard- si elle devient aveugle de vieillesse, elle rampe hors du trou et regarde le Soleil, qui brûle rapidement le voile devant ses yeux.
Il semble paradoxal que l'une des sources du genre moderne de l'encyclopédie soit le genre théologique, mythique - en général médiéval dans tous les sens du terme. La raison en est sans doute le caractère très contradictoire du bestiaire, où dogmatique antique et conscience métaphorique médiévale s'entremêlent de façon surprenante.
Origines : antiquité
L'un des pères du bestiaire peut être considéré comme Aristote avec son œuvre phare "Historia animalium", qui n'était pas un bestiaire au sens plein du terme (ce genre assume une structure spécifique, qui sera discutée ci-dessous), mais a servi de une source d'information pour les auteurs médiévaux. L '«Histoire» d'Hérodote contient de nombreuses informations sur les créatures réelles et mythologiques - par exemple, nous y voyons l'une des premières mentions du griffon dans l'histoire. Alexandrie au IIe siècle n.m. e. un «physiologiste» anonyme a été compilé (plus tard, ce mot devient un mot familier et désigne un genre littéraire distinct), contenant une description détaillée des animaux réels et mythiques.
Le «physiologiste» nous est déjà parvenu dans la version médiévale corrigée, à laquelle la «morale» a été ajoutée - une leçon que nous pouvons tirer de l'observation de cette créature. L'analyse stylistique nous permet de supposer que ces inserts n'étaient pas dans la version originale. D'une manière ou d'une autre, "physiologiste" a eu un impact significatif sur la compréhension du monde de la faune - le texte a été traduit dans de nombreuses langues et a été considéré comme une source faisant autorité dans de nombreuses cultures, y compris dans le monde orthodoxe.
En général, le physiologiste en tant que genre se développe parallèlement au bestiaire. Il est fondamental de ne pas confondre ces deux notions : le physiologiste est l'ancêtre direct des encyclopédies modernes, puisqu'il contient exclusivement des faits scientifiques (du moins à l'époque) et sert avant tout à des fins pédagogiques.
Le bestiaire, en revanche, a une fonction beaucoup plus complexe et spécifique. Dans l'article, nous essaierons de retracer le destin du bestiaire et du physiologiste, en gardant à l'esprit cette différence fondamentale.
La tradition antique ne peut être considérée au sens plein comme le fondement idéologique du genre bestiaire, mais c'est elle qui a donné à ce genre une complétude et un caractère particulier, largement contradictoire, conjuguant autorité et prétention à la scientificité et composante créatrice associée à la métaphorique. nature du contenu du bestiaire.
Pères de l'Église et allégorie
Le genre du bestiaire en tant que tel trouve déjà son origine dans l'Europe médiévale, et d'une source qui semble bien éloignée des recherches scientifiques des savants anciens - les sermons. Les premiers prédicateurs utilisaient des allégories pour transmettre plus clairement leurs pensées au troupeau, et ils s'appuyaient sur d'anciens travaux savants (la grande majorité des ministres de l'église étaient alphabétisés, et beaucoup connaissaient et même admiraient les écrits des grands païens - la preuve de cela peut être trouvé même dans la « Confession » du bienheureux Augustin) et l'Ancien Testament, source de descriptions de nombreux animaux, réels et fictifs. La culture médiévale nous enseigne qu'à partir de n'importe quel modèle de la nature qui nous entoure, une personne peut apprendre une leçon utile pour elle-même - il ne peut en être autrement, car tout ce que nous voyons autour de nous est créé par Dieu, et le but de notre vie est d'écouter Sa parole et trouver partout des traces de Sa volonté.
L'analphabétisme de la grande majorité de la population européenne a eu un impact énorme sur la formation non seulement de la culture médiévale, mais aussi de la conscience médiévale en général. Parmi les formes de transmission d'information disponibles, seules les images visuelles étaient possibles (c'est pourquoi on trouve tant d'images dans les anciennes églises catholiques illustrant les Saintes Écritures : une telle forme permettait à tout paroissien ne sachant pas lire de se familiariser avec les principaux récits bibliques et récits de la vie des saints) ou des genres oraux.
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Pélican. Illustration pour la SEP. Ashmole 1511 (XII-XIII siècles)
Évidemment, la théologie n'est pas la science la plus simple, puisqu'elle traite, entre autres, du sens de la vie, du bien et du mal, et d'autres questions auxquelles il est fondamentalement impossible de répondre sans ambiguïté. Apporter aux masses une pensée complexe sous la forme la plus accessible est tout un art, auquel s'est en partie consacrée l'œuvre des Pères de l'Église. C'est ce besoin qui a donné naissance à l'incroyable popularité des allégories - des allégories stables, dont chaque personne médiévale a littéralement absorbé le lait maternel. Tout paysan, voyant l'image de deux archanges, savait exactement lequel d'entre eux était Gabriel et lequel était Michel (le premier est toujours représenté avec un lis à la main et le second avec une épée) et pouvait facilement lire toute une histoire du fresques sur les murs de l'église, dont il tirerait certainement une leçon de morale pour vous-même. Il en va de même pour les sermons oraux : de même que nous avons été habitués dès l'enfance au fait que le renard est rusé et le lièvre est lâche, il était évident pour la conscience médiévale que la licorne nous enseigne la piété, et le loup enseigne la prudence. . Par conséquent, le bestiaire remplissait, d'une part, la fonction de livre de référence du prédicateur, et d'autre part, il était une sorte de source faisant autorité, excluant les désaccords entre les ministres de l'église sur ces questions.
La structure du bestiaire montre bien la double nature de l'origine de ce genre. Chaque article se compose de deux parties : la première décrit en détail l'apparence, les propriétés et les habitudes de l'animal, et la deuxième partie est une sorte de conclusion, de morale que l'on peut tirer des traits ou du comportement de cette créature. Il est intéressant que nous parlions non seulement de propriétés réelles, mais aussi de celles dont la science moderne ne trouve pas de confirmation. Par exemple, dans le célèbre "physiologiste" de l'évêque Theobald, l'un des premiers et des plus autorisés représentants du genre, il est dit que la panthère, pendant la chasse, émet une odeur de sa bouche qui attire la victime. Cette idée d'une panthère a trouvé un grand écho et a migré vers de nombreux autres bestiaires, même Dante Alighieri a mentionné cette propriété dans son traité "On Folk Eloquence".
Apporter aux masses une pensée complexe sous la forme la plus accessible est tout un art, auquel s'est en partie consacrée l'œuvre des Pères de l'Église.
De plus, nous ne parlons pas toujours d'animaux réellement existants : à côté de créatures réelles comme un lion, un renard, une baleine ou un agneau, les compilateurs de bestiaires peuvent considérer une licorne, un dragon ou une sirène, décrivant en détail leur apparence et leurs habitudes.
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Il est également intéressant de voir à quel point les compilateurs établissent bizarrement des relations dans le monde animal : aucun des animaux n'est considéré en soi, il interagit toujours d'une manière ou d'une autre avec d'autres animaux ou avec les humains. Dans n'importe quel article, vous pouvez découvrir ce qui attire cette créature, de qui elle a peur (ou qui en a peur) et comment sa fourrure, sa salive ou ses écailles peuvent être utilisées.
Pour plus de clarté, considérons un extrait du "physiologiste" de l'évêque Theobald (ma traduction) :
Observations d'éléphants
Grands sont les éléphants qui naîtront dans la lointaine Inde,
Ils sont comparables en taille aux hautes montagnes,
Et comme des bateaux flottants quand ils errent à la recherche de nourriture -
Ils ne le font jamais seuls.
Un éléphant vit trois cents ans, n'apportant qu'une seule progéniture.
La mère porte l'enfant pendant exactement deux ans.
Quand vient le temps de montrer au monde le miracle de la naissance,
Mère cherche des eaux plus profondes et naît debout,
L'enfant tombe dans les eaux, car le firmament lui promet la mort.
Quand l'éléphant est fatigué, il cherche un grand arbre
Et sommeille à son ombre, dans la fraîcheur et le bonheur endormi.
Cependant, il ne peut pas s'allonger - ses genoux ne se plient pas,
Et il est obligé de laisser passer sa longue réputation.
Lorsque le chasseur rusé, remarquant l'arbre précieux,
Il le coupera imperceptiblement, préparant un piège pour un éléphant,
Et lui, s'étant endormi par habitude, sera écrasé par un arbre,
Il sonnera de la trompette pour que ses frères de sang viennent à la rescousse,
Et ceux-là, sentant le danger, amèneront avec eux un éléphanteau,
Quel est petit, mais plus intelligent que ses frères, et sera capable de faire face aux ennuis.
Lui seul trouvera un moyen de soulever un arbre,
Et les frères, l'ayant écouté, sauveront le malheureux frère.
Et si vous parvenez à allumer les cheveux d'un éléphant, alors avec de la fumée
Vous chasserez à jamais les serpents et autres reptiles venimeux.
Depuis qu'Adam a été expulsé du jardin du paradis du Seigneur,
Ni Moïse ni les prophètes n'ont expié son péché.
Seul Jésus, qui est venu dans notre monde le dernier de tous,
Petit et faible de chair - c'est ainsi que le Seigneur l'a créé -
Il a pu nous donner le salut, et sa parole est si grande,
Qui, comme une odeur merveilleuse, chasse le péché et les ténèbres.
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Bien sûr, pour un prédicateur, la réalité ou la fiction d'un animal n'a pas grande importance - c'est l'allégorie qui lui importe, mais on sait aussi que pendant plusieurs siècles les bestiaires avaient une grande autorité en dehors du milieu ecclésiastique et étaient considérés équitablement sources fiables. Il a fallu longtemps avant que la science ne développe un scepticisme sain à l'égard des écrits chrétiens et qu'il devienne possible de distinguer clairement entre les faits scientifiques et la fabrication de mythes religieux.
Histoire et développement ultérieur du genre
L'un des bestiaires les plus connus aujourd'hui est le soi-disant bestiaire d'Aberdeen, un document anglais datant du 12ème siècle.
Il est également intéressant de voir à quel point les compilateurs établissent bizarrement des relations dans le monde animal : aucun des animaux n'est considéré en soi, il interagit toujours d'une manière ou d'une autre avec d'autres animaux ou avec les humains.
Ce bestiaire est intéressant avant tout parce qu'on peut non seulement étudier son texte, mais aussi travailler avec des illustrations - le manuscrit est mis en ligne en version numérisée sur le site de l'Université d'Aberdeen.
Au milieu du XIIIe siècle en France, le « Bestiaire de l'Amour » a été écrit par un certain Richard de Fourinval, qui est un monument littéraire très particulier : d'une part, les articles qu'il contient sont unis par une intrigue commune et logiquement imbriqués dans ce; deuxièmement, la partie allégorique de chaque article nous renvoie non pas à la morale chrétienne, mais aux relations entre amants. Ainsi, "Love's Bestiary", bien que formellement un représentant à part entière du genre, s'écarte en réalité de sa fonction principale.
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Des éléments du genre peuvent être trouvés non seulement dans la tradition européenne. L'ancien traité chinois Shang Hai Jin, ou "Catalogue des montagnes et des mers", est largement connu. Il s'agit d'une sorte de répertoire géographique décrivant le territoire de la Chine et ses caractéristiques, y compris sa faune. Ici, nous voyons une combinaison de réalisme et de fantaisie, caractéristique des bestiaires médiévaux : aux côtés des animaux qui nous sont familiers, nous rencontrons un renard à neuf queues qui pleure comme un enfant, un chien à visage humain et même un tigre à tête de chien. et une queue de cheval.
Le bestiaire connaît une sorte de renaissance à l'époque des Grands Voyages. Ainsi, par exemple, des éléments du genre se retrouvent dans les notes de Marco Polo.
Cependant, il est évident que la fonction principale du bestiaire meurt avec le Moyen Âge, de sorte que la plupart des chercheurs en viennent à la conclusion que les imitations et stylisations ultérieures ne peuvent plus être pleinement considérées comme des représentants du genre.
Il a fallu longtemps avant que la science ne développe un scepticisme sain à l'égard des écrits chrétiens et qu'il devienne possible de distinguer clairement entre les faits scientifiques et la fabrication de mythes religieux.
Dans la littérature moderne, le regain d'intérêt pour la mythologie (principalement associé à la popularité du genre fantastique) a également ravivé l'intérêt pour les bestiaires, en particulier dans leur composante fantastique. Lorsque, sur la vague de popularité de la Terre du Milieu de Tolkien, des mondes fantastiques entiers avec leur propre culture, histoire et géographie ont commencé à apparaître, le genre bestiaire a reçu sa prochaine incarnation précisément dans le cadre de ces mondes. C'est ainsi que sont apparus le "Bestiaire" d'Andrzej Sapkowski et le livre "Magical Beasts and Where to Find Them" de JK Rowling. Encore une fois, nous émettrons une réserve sur le fait que ces œuvres ne peuvent pas être considérées à part entière comme des bestiaires, car la fonction principale des bestiaires est dépassée. Pour être plus précis, ces ouvrages (du moins dans leur forme) conviennent mieux à la définition d'un physiologiste, bien que leurs traits ne soient que partiellement hérités (n'oublions pas que les physiologistes étaient perçus comme de la littérature scientifique, et non comme de la fiction).
D'une manière ou d'une autre, le genre bestiaire, même s'il s'avère non viable dans le monde moderne, est un phénomène littéraire intéressant qui nous révèle une autre facette du mythe étonnant, sans limites et mystérieux du Moyen Âge. ■
Alexandra Lévina
Les bestiaires médiévaux - recueils d'articles zoologiques décrivant en détail divers animaux en prose et en vers, principalement à des fins allégoriques et moralisatrices - étaient des œuvres extrêmement populaires. Ils ont raconté des histoires non seulement sur les représentants existants de la flore et de la faune, mais aussi sur des créatures fantastiques. La plupart de ces bestiaires ont été publiés aux XIIe et XIIIe siècles, mais ils sont toujours intéressants aujourd'hui.
1. Yakoul
Au VIIe siècle, Isidore de Séville se lance dans un projet ambitieux. Il a décidé de rassembler toutes les connaissances de l'humanité. Le résultat de son travail fut l'encyclopédie "Etymologie". Une de ses sections était consacrée aux animaux, à la fois connus et supposés. Ainsi, il a écrit sur l'animal mentionné par le poète romain Lucan - le serpent volant africain yakul. Selon Lucan, lorsque le yakul chasse, il attend sa proie dans la cime d'un arbre. Après que le serpent ait remarqué une victime appropriée, il s'est précipité sur elle avec une flèche des branches. Le yakul a également été mentionné dans le bestiaire d'Aberdeen.
2. Caladre
L'histoire de l'oiseau blanc comme neige Caladrius est dans de nombreux bestiaires. À certains égards, cet oiseau ressemblait à une oie avec un cou de cygne. Caladrius avait des propriétés curatives incroyables. On prétendait que les excréments de cet oiseau pouvaient guérir la cécité lorsqu'ils étaient appliqués directement sur les yeux d'une personne. Pline l'Ancien a affirmé que cet oiseau (qu'il appelait l'ictère) était particulièrement efficace pour traiter les personnes souffrant de jaunisse. L'oiseau mythique était également capable de prédire si les malades guériraient. Lorsqu'un caladrius atterrissait sur le lit d'une personne gravement malade et détournait le regard, cela signifiait que la personne allait mourir. Si un oiseau regardait directement le visage d'une personne, il lui aurait alors "arraché" la maladie, après quoi il s'est envolé et le patient a été guéri.
3. Bonacon
Le bonacon a été décrit par Pline et était l'une des principales créatures des bestiaires médiévaux. Représenté comme ayant la tête d'un taureau sur le corps d'un cheval, le bonacon comportait également des cornes repliées. Cette créature avait une méthode d'autodéfense très inhabituelle. Lorsque le bonacon a été menacé, il a jeté du fumier sur l'ennemi, qui non seulement sentait mauvais, mais a également brûlé tout ce qu'il touchait. À ce jour, il a été suggéré que le bonacon était en fait un grand ongulé tel qu'un bison, et il est possible que toute l'histoire se soit produite après que l'animal a été effrayé à un point tel qu'il a perdu le contrôle de ses intestins.
4. Dipsa
Lucan dit que le dipsa était l'un des 17 types de serpents différents qui ont été créés lorsque Persée a coupé la tête de Méduse. Du sang coulait de la tête coupée de Méduse, que Persée emporta avec lui, répandant ainsi des serpents dans le monde entier. Dipsa est apparu dans les déserts de Libye. Ce serpent avait un venin incroyablement puissant, et les victimes de sa morsure devenaient progressivement folles de douleur alors que leur chair brûlait lentement. Ces serpents étaient maudits d'une soif sans fin. Lucan a affirmé que lorsque son ami voyageait en Libye, il est tombé sur une tombe avec une photo d'un dipsa. Ses crocs étaient enfoncés dans la jambe de l'homme alors qu'un groupe de femmes versait de l'eau sur lui pour tenter d'arrêter son agonie. Une inscription sur la tombe affirmait que l'homme avait été mordu alors qu'il tentait de voler les œufs du serpent.
5. Amphisbène
Amphisbaena est un serpent venimeux avec une tête à chaque extrémité, lui permettant de se déplacer facilement dans n'importe quelle direction. Plus tard, des ailes, des pattes et des cornes lui ont également été ajoutées. On dit que la peau de ce serpent est un puissant remède contre diverses maladies, mais le folklore grec affirmait que si une femme enceinte enjambait un amphisbaena vivant, elle était presque assurée de faire une fausse couche. La mythologie romaine affirmait que si l'amphisbaena était attrapé et enroulé autour d'une canne, cela protégerait le propriétaire de la canne des attaques de toute créature. Isidore de Séville a affirmé que les yeux de ce serpent brillaient dans le noir comme des lanternes, et a également écrit que c'était le seul serpent capable de chasser dans le froid.
6. Leocrota
Cette créature indienne ressemblant à un cheval est une pure incarnation de cauchemar. Le mi-cerf mi-lion à tête de cheval avait une caractéristique terrifiante : une bouche d'une oreille à l'autre. Dans le même temps, la bouche du leocrota n'était pas remplie de dents, mais d'une solide plaque osseuse dentelée. Cet animal aurait habilement imité la parole humaine et crié la nuit pour attirer des victimes sans méfiance. Pline a affirmé que le leocrota était un descendant des lions et des hyènes éthiopiens. Elle est née avec la force d'un lion et la ruse d'une hyène et chassait les gens dans les zones boisées autour des villages, en s'appuyant sur leur curiosité.
7. Hydre
Il a été affirmé que les hydres vivaient le long du Nil, où ils rôdaient le long de l'eau à la recherche de crocodiles. Lorsque cette créature a découvert un crocodile endormi, il a rampé dans sa bouche. Il s'est ensuite frayé un chemin à travers les entrailles du reptile et a mangé ses organes internes, pour finalement se frayer un chemin hors du ventre du crocodile. Isidore a écrit sur les hydres dès le VIIe siècle. Les représentations des hydres varient : certains bestiaires les décrivent comme des oiseaux, tandis que d'autres montrent les hydres comme des serpents.
8. Muskalet
Muskalet a été décrit pour la première fois dans un bestiaire écrit par un personnage énigmatique nommé Pierre de Beauvais. Il a affirmé qu'il ne traduisait que des textes, mais personne ne pouvait déterminer quel type d'œuvres antérieures il traduisait. Parmi les animaux de son bestiaire figure un muskalet, étrange créature arboricole. Pierre de Beauvais l'a décrit comme ayant le corps d'un petit lièvre, le nez d'une taupe, les oreilles d'une belette, et la queue et les pattes d'un écureuil.
Le muskalet est couvert de soies raides de porc et a les dents d'un sanglier. L'animal peut sauter d'arbre en arbre et dégage tellement de chaleur que les feuilles qu'il touche se dessèchent. La petite créature creuse sous les arbres, où elle tue tout ce qu'elle trouve sous l'arbre.
9. Monocéros
Monoceros est une variété bizarre de licorne qui a été trouvée dans tous les bestiaires de l'Antiquité au Moyen Âge. Il avait le corps d'un cheval et la longue corne familière d'une licorne ordinaire, mais cette bête avait aussi les pattes d'un éléphant et la queue d'un cerf. Pline a doté cette créature d'une queue de sanglier et d'une tête de cerf. La corne de monocéros aurait toutes les propriétés très recherchées attribuées à la corne de licorne. Monoceros avait un tempérament moins positif qu'une licorne : il tuait toute personne qu'il rencontrait sur son chemin. De plus, ce genre de licorne émettait un rugissement assourdissant qui provoquait une horreur glaciale.
10 Salamandre
Les salamandres sont bien réelles, mais les salamandres des bestiaires médiévaux étaient des créatures qui non seulement pouvaient vivre dans le feu, mais aussi respirer le feu elles-mêmes. Saint Augustin a d'abord écrit que les salamandres sont l'incarnation de la résistance de l'âme au feu de l'enfer, arguant que le pouvoir de la salamandre sur le feu était la preuve que quelque chose de banal pouvait entrer en collision avec les feux de l'enfer et ne pas être détruit.
Alors que les premières salamandres de l'ancienne Perse étaient des symboles de la divinité, les salamandres du monde médiéval étaient non seulement inflammables mais aussi toxiques. Une salamandre qui tombait dans un puits pouvait empoisonner et tuer tout un village.
Beaucoup de gens connaissent déjà les images amusantes de la série "Suffering Middle Ages". Eh bien, peu de gens le savent.
Pendant longtemps, l'histoire n'a pas considéré les parcelles liées aux animaux. Toutes les histoires intéressantes sur les animaux semblaient vides et inutiles aux historiens. Couvrir des études entières avec des animaux était considéré comme un non-sens. Mais cet avis est dépassé. Les scientifiques ont remarqué qu'un animal, considéré dans un certain contexte, permet d'analyser différents domaines de l'histoire : social, juridique, symbolique, religieux et autres. Le rôle principal dans la compréhension de l'image de l'animal dans l'histoire a été joué par les médiévistes. Il convient de noter que les documents avec lesquels les médiévistes travaillent. Dans ces sources, les scientifiques rencontrent constamment la mention d'animaux. Les animaux peuvent être vus dans les images, l'art populaire, les malédictions. Aussi, les animaux sont la décoration des églises.
Les principales sources sur les animaux sont les bestiaires. Bestiaire - une collection d'articles sur les animaux, qui décrivent en détail toutes sortes de créatures, réelles et inexistantes dans la réalité. Il peut être attribué à un genre médiéval particulier de la littérature. Le bestiaire peut être divisé en deux parties. La première partie décrivait la physiologie de l'animal. Dans cette partie, la structure de l'animal, ses habitudes ont été décrites. La deuxième partie est théologique. Ici, la signification de l'animal dans le monde chrétien est considérée. Mais les deux parties de la description des animaux sont étroitement liées l'une à l'autre. Les bestiaires étaient particulièrement populaires aux XIIe-XIIIe siècles, divers bestiaires sont apparus, l'ensemble des êtres vivants était différent pour chaque auteur.
Dans les bestiaires, l'idée de la bête apparaît non seulement comme un phénomène naturel, mais aussi comme un phénomène culturel. Les animaux sont utilisés comme symboles. Les images d'animaux peuvent être lues comme du texte. Dans les bestiaires il y a une explication de l'animal. Une telle explication ne peut pas être trouvée, par exemple, dans les temples. Il n'y a qu'une image sans texte. Les gens médiévaux recherchaient constamment la langue de Dieu. Dieu n'a pas de langage, mais comment il communique avec les gens. Il communique par symboles. Dans le langage des choses, les animaux sont donc les choses par lesquelles Dieu parle. Dans le langage de Dieu, il y a toujours une antithèse : le bien et le mal, le juste et le pécheur. Les médiévaux ont remarqué la même chose chez les animaux. Chaque animal pouvait être considéré du côté du bien et du côté du mal.
Dans mon travail, je veux comprendre quel rôle les animaux jouaient dans la société médiévale. Comment les gens ont-ils compris les animaux ? Quelle est leur place dans le monde ? Qu'est-ce que les gens médiévaux voulaient dire, représentant diverses créatures dans les décorations des temples, des maisons, leurs armoiries.
Le bestiaire médiéval permet de comprendre comment nos ancêtres pensaient le monde qui nous entoure. L'homme médiéval a toujours été à la recherche d'un lien entre le visible et le caché. Cela se réfère principalement à ce qui est dans ce monde et à ce qui est dans l'autre monde. Ainsi les animaux au Moyen Age sont autre chose, pas ce qu'ils essaient de faire apparaître, ainsi, dans les bestiaires, deux réalités se heurtent : l'une est visible. L'autre est symbolique. Ainsi, au Moyen Âge, ils se livraient souvent à la sémiotique, c'est-à-dire à l'unification de différentes parties en un tout. Très souvent, les gens médiévaux ont représenté le diable en utilisant différentes parties du corps de différents animaux. Pour expliquer de telles images, bien sûr, vous devez comprendre la signification symbolique de chacune. C'est-à-dire que les créateurs médiévaux ont dévié de l'habituel, cette déviation a contribué à montrer le choc des contraires. Deux parties différentes combinées en un tout portent toujours un symbole différent.
Ainsi, par exemple, l'un des animaux les plus populaires au Moyen Âge est un lion. Les lions se retrouvent partout, dans les images, les sculptures, les motifs de tissage. Les lions sont particulièrement populaires dans la décoration des églises. On le voit aussi dans le décor des livres. Le lion est la figure la plus courante de l'héraldique médiévale. Une image de ce prédateur se retrouve sur 15% des armoiries. Même de nombreux souverains héréditaires ont placé un lion sur leurs armoiries, l'exception à la règle étant l'empereur et le roi de France. Je reconnais tous le lion comme le roi des bêtes. Les auteurs des bestiaires lui attribuent les vaillantes qualités d'un guerrier.
Beaucoup ont vu dans le lion l'image du Christ. Cela a été prouvé en raison de la physiologie et des habitudes de cet animal.
1. Les lions adorent chasser sur les hauteurs. S'il remarque la poursuite, alors il couvre ses traces avec sa queue, il est introuvable. On peut dire la même chose du Christ. Le diable a essayé de le tenter, mais il n'a pas cédé.
2. Les lions dorment les yeux ouverts. De même, le Seigneur a été tué sous forme humaine, mais son essence divine était éveillée.
3. Les lionnes donnent naissance à des petits morts, et ils restent morts pendant trois jours, jusqu'à ce que le père lion vienne et les ranime avec son souffle. Dieu a fait exactement la même chose lorsqu'il a ressuscité Jésus-Christ le troisième jour.
4. Aussi par rapport aux humains, les lions sont très patients, ils n'attaqueront jamais en premier. Seule une blessure peut irriter cet animal. Autrement dit, le lion est un animal noble.
5. De plus, un lion ne mange jamais trop. Ils prennent de la nourriture et de l'eau à des jours différents. Et aussi s'ils ont l'impression d'avoir beaucoup mangé. Ensuite, avec précaution, avec leurs pattes, ils sortent la viande de la bouche.
Toutes ces caractéristiques permettaient aux médiévaux de considérer le lion comme l'incarnation du Christ.
Le nom de l'animal est interprété comme un dérivé du mot grec leon, qui se traduit par "roi". C'est-à-dire que même dans son nom, le pouvoir et la force sont concentrés.
Comme pour tout animal, les gens médiévaux voient aussi des aspects négatifs dans le lion. Il est cruel, assoiffé de sang, il est souvent en colère. Il n'utilise pas ses pouvoirs pour le bien. Autrement dit, parfois le combat d'un homme avec un lion est considéré comme un combat avec Satan. Cela peut être retracé dans de telles histoires sur David ou Samson. Souvent, dans les images du diable, une caractéristique du lion est utilisée - c'est la colère. La colère sur les créations médiévales est représentée comme un mensonge 8. La même position des lèvres est représentée sur des toiles avec des lions ou le diable.
Mais le plus souvent, l'image d'un lion est associée à la bonté. Ainsi, il fallait trouver une opposition au roi des bêtes. C'est-à-dire faire un mauvais lion qui veut prendre la place d'un bon. Le léopard est devenu un tel lion. Il ressemble beaucoup à un lion, sauf qu'il n'a pas de crinière et qu'il a une couleur tachetée. Il est le roi déchu des bêtes. Ses taches sont le principal indicateur de son état de pécheur. Chaque tache est une figure du péché. Ainsi, dans l'art médiéval, le diable est souvent représenté comme grêlé, c'est une référence au léopard pécheur.
Si nous continuons à considérer la famille des chats, alors un autre animal gentil est la panthère. Dans le monde médiéval, la panthère et le léopard ne sont pas identiquement égaux. Dans la culture médiévale, ce sont des animaux différents. La panthère est noire, il n'y a pas de taches dessus. Cette bête n'a d'ennemis que le dragon. La panthère sent bon, cette odeur fait fuir le dragon et il fuit l'odeur de la panthère. C'est l'un des principaux symboles de la bonté, car le dragon a toujours été considéré par les médiévaux comme le diable.
Dragon pour l'homme médiéval, c'est un animal absolument réel. C'est le plus grand parmi tous les serpents et autres animaux. Dans les bestiaires, vous pouvez trouver diverses descriptions de dragons. D'une part, c'est juste un gros cerf-volant. D'autre part, il a été décrit comme un grand lézard volant. La principale caractéristique du dragon est qu'il est à l'affût. Il attend sa proie, puis la tue. Le diable fait de même, il guette une personne sur le chemin de Dieu. Si nous considérons cet animal du point de vue de la littérature, de nombreux chevaliers représentés avec un bouclier sur lequel un dragon était représenté étaient des païens.
Il est intéressant de noter que de nombreuses créatures inexistantes sont toujours notées dans les bestiaires : sirènes, licornes, manticores et autres. Pour une personne moderne, il est évident qu'il s'agit de créatures mythologiques, mais les médiévaux n'ont pas compris de manière critique de nombreuses données, ils ont utilisé des auteurs anciens comme sources éprouvées et fiables. Une grande partie des informations qui sont entrées dans les bestiaires étaient les légendes de différentes personnes. Ainsi, par exemple, les chasseurs ont parlé. Que l'ourse donne naissance à des masses informes. Les auteurs n'avaient aucune raison de ne pas les croire. Après tout, lui-même n'avait jamais rencontré d'ours.
Ainsi, l'une des caractéristiques du Moyen Âge est la croyance que la mer répète complètement la terre. Que tout dans le monde est parallèle. Sur terre, il y a un chien, dans la mer, il y a son analogue - un requin. Il est impossible de contester le fait qu'il y a un cheval sur terre et que les hippocampes vivent dans l'eau. Cela signifie que si tous les animaux ont leurs homologues, alors il est possible de trouver des homologues humains dans la mer. Ainsi, en 1554, un dessin d'un poisson-évêque a été publié, plus tôt cette créature a été confondue avec un monstre. Certains scientifiques soupçonnent que ces animaux étaient des morses. Mais la chose la plus importante dans cette théorie sur les jumeaux est que les créatures mythologiques étaient la norme pour l'homme médiéval. Ainsi, les sirènes ou les tritons ne sont que des hommes et des femmes de l'eau.
Mais pas seulement les histoires et théories orales, les intrigues mythologiques occupent également une place énorme. Ainsi, les habitants du Nil, effrayés par un Bédouin à cheval, le prirent pour une créature sans précédent, qu'ils appelèrent un centaure. Cela a été noté dans les parchemins. Cette intrigue est depuis longtemps oubliée, mais les auteurs des bestiaires les ont prises au sérieux et les ont décrites dans leurs écrits.
La religion antique était également d'une grande importance, lorsque les gens adoraient divers dieux. Tant de ces dieux avaient des caractéristiques humaines et animales. De ces croyances religieuses antérieures, des créatures inhabituelles sont également apparues. Par exemple, le taureau persan ailé a ensuite été décrit comme un griffon.
Une autre raison de l'apparition d'animaux sans précédent est l'étymologie. Les chercheurs de cette période étaient passionnés par la traduction, la transcription et l'interprétation. La Bible a été écrite en plusieurs langues et a été constamment traduite. Mais il arrivait souvent qu'une langue ne puisse fournir d'analogues à aucun mot. Cela a entraîné des problèmes de langue. Par exemple, le basilic n'est apparu qu'à cause de la lettre c qui figurait dans le mot basilic. Ces changements sont inévitables car les bestiaires ont été traduits et réécrits au fil des ans.
Les bestiaires étaient d'une grande importance pour l'homme médiéval. Après tout, dans chacune de ses actions, il voyait une conversation avec Dieu. Ainsi, par exemple, à l'époque médiévale, la chasse au sanglier a cessé. Maintenant, les gens voulaient attraper un cerf tranquille au lieu d'un sanglier.
Le sanglier, animal loué par les anciens chasseurs et considéré comme un honneur de tuer un sanglier, a perdu son attrait à l'époque médiévale. Dans les bestiaires, cet animal a recueilli six péchés capitaux : la cruauté, la colère, l'orgueil, la luxure, la gourmandise, l'envie et l'oisiveté. L'apparence de l'animal rappelle également l'enfer: des cheveux noirs, une clavicule dressée, une odeur désagréable, un rugissement terrifiant, des crocs acérés.
Le cerf s'oppose au sanglier. Le cerf est l'animal du Christ. Le cerf devient un pur animal chaste, et prend donc la place de la proie royale. Bien que dans les temps anciens, le cerf ait pris la place d'une bête lâche, ce qui ne vaut pas la peine de perdre du temps.
Ainsi, la culture médiévale a transformé le rituel de la chasse dans une toute nouvelle direction.
L'église n'a jamais accueilli la chasse, mais elle n'a pas été en mesure de l'éradiquer complètement. Mais avec l'aide de l'interprétation des animaux et des symboles, l'église a pu orienter la chasse dans une direction plus pacifique. Elle a rendu la chasse moins dangereuse. Une chasse dangereuse à un sanglier ou à un ours était la mauvaise voie, un chrétien n'aurait pas dû s'y lancer. Il devait choisir un cerf. Ainsi, la symbolisation des animaux a aidé à réguler cet aspect.
Au Moyen Âge, l'attitude envers les animaux était ambivalente. D'une part, l'animal doit être très différent d'une personne. L'homme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, et l'animal est une créature imparfaite et impure. C'est pourquoi les animaux apparaissent si souvent dans les images ou les écrits médiévaux. Ce sont des tentatives pour montrer la différence. Il ne peut y avoir rien de commun entre un animal et un humain. C'est pourquoi au Moyen Âge, il était interdit de se déguiser en animal ou d'imiter le comportement d'un animal. Il était également interdit d'honorer les animaux. Les gens n'étaient pas censés avoir de relations avec les animaux, allant de l'attachement à un seul animal, comme un cheval ou un chien, à des atrocités, comme la sorcellerie et la bestialité.
Mais d'un autre côté, certains auteurs médiévaux parlent de la relation de tous les êtres vivants. Ils se sont demandé si Jésus-Christ est venu sauver tous les êtres vivants, si tous les animaux sont inclus dans la définition de "tous" et s'ils sont inclus du tout. L'une des preuves que les animaux ont aussi reçu le salut est la naissance de Jésus-Christ dans une grange, à côté des animaux. À la fin du XIIIe siècle, des questions sur la vie future des animaux ont également été discutées: sur les animaux entrant au paradis. La vie terrestre des animaux a également été abordée : les animaux doivent-ils jeûner et s'il est possible de les forcer à travailler le dimanche. Mais la principale question est de savoir si un animal peut être considéré comme une créature moralement responsable de ses actes.
L'intérêt pour la responsabilité morale des animaux peut être clairement illustré en considérant les essais sur les animaux. Ces procédés sont connus depuis le milieu du XIIIe siècle, on sait qu'ils se sont déroulés pendant environ trois siècles.
En 1386, un cochon est exécuté à Falaise en Normandie. Elle était vêtue de vêtements humains. Tout d'abord, l'animal a été attaché à un cheval et traîné dans les rues. Un échafaud et une potence ont été érigés dans la rue trouée. Le porc a été mutilé, la moitié de son museau et la viande de ses cuisses ont été coupées, puis pendues par ses pattes arrière. En raison des blessures, l'animal est rapidement mort. À la fin, le cadavre du cochon a de nouveau été traîné dans les rues. Les restes de l'animal ont été brûlés. Un peu plus tard, cet événement fut immortalisé sur un panneau de l'église.
Le cochon a été condamné à une telle mort parce qu'il était coupable de la mort d'un bébé. Elle a partiellement mangé son visage et ses jambes. Ce sont les mêmes blessures qui lui ont été infligées. Il est intéressant de noter que ni le propriétaire du cochon, ni les parents qui ont laissé l'enfant, n'ont été punis. On croyait que la punition pour le propriétaire était la perte d'un cochon et, par conséquent, un revenu. Les parents sont punis par la perte d'un enfant.
Ce n'est pas un cas isolé où un animal a été exécuté. C'était une pratique courante. Un animal qui a commis un crime a d'abord été placé en garde à vue, un peu plus tard, une audience a eu lieu et un verdict a été prononcé, puis il a été exécuté. L'animal avait même un avocat, mais sa fonction était plutôt formelle, car il ne cherchait en aucune manière à justifier l'animal.
On peut également conclure que les animaux ont peut-être été torturés pendant leur détention. Par exemple, en 1457, il a été rapporté que, sous la torture, un cochon a avoué avoir tué un enfant et l'a partiellement mangé, nourrissant ses six porcelets avec sa victime.
Les processus et les punitions ont été effectués non seulement sur les animaux domestiques, et pas toujours dans un seul ordre. Ainsi, les souris des forêts, les limaces ou les hannetons pourraient être punis. Ces punitions étaient généralement gérées par l'église. Très souvent, différents animaux ou insectes ont été excommuniés, anathématisés pour avoir endommagé les récoltes. Ainsi en 1516, dans la région de Wilnox, on demanda au criquet de quitter pacifiquement le vignoble dans les six jours, faute de quoi le criquet serait excommunié. De telles menaces ont été proférées contre de nombreuses espèces : limaces, chenilles.
Ces affaires collectives ont laissé beaucoup d'informations dans les archives, peut-être était-ce dû au fait que l'église y était impliquée.
Ainsi, il est possible d'identifier la typologie des processus sur les animaux, ils peuvent être divisés en trois types.
1. Affaires individuelles contre des animaux domestiques, un individu. Habituellement, il s'agissait de tuer ou de blesser une personne. Cette affaire est une infraction pénale. Ces choses ne sont jamais faites par l'église. C'est une question de pouvoir séculier. Habituellement, l'individu délinquant passait par toutes les étapes du processus, mais si elle réussissait à s'échapper, elle était alors remplacée par une autre. La seule exception était que la peine n'avait pas été exécutée.
2. Cas collectifs contre grands ou petits animaux. Il peut s'agir de loups ou de sangliers, ainsi que de petits rats ou même d'insectes. Ils ont été accusés soit de mettre en danger la sécurité des personnes, soit de détruire les récoltes. L'église était engagée dans ces affaires, généralement elle maudissait, anathématisait ou excommuniait toute l'espèce. Ce processus s'expliquait par le fait que Dieu maudit le serpent, qui devint l'instrument du Diable.
3. Ce sont des crimes associés à la bestialité. On sait peu de choses sur ce type, car après le verdict, des documents liés à cette affaire ont été brûlés avec les criminels. Des criminels humains et animaux ont été placés vivants dans un sac et brûlés vifs.
Le plus souvent, les porcs étaient impliqués dans les tribunaux. Cela peut s'expliquer de différentes manières. Premièrement, les cochons étaient l'animal de compagnie le plus populaire. Deuxièmement, ces animaux avaient plus de liberté de mouvement que les autres. Dans les villes, ils jouaient le rôle de charognards, on pouvait donc les voir partout. C'est pourquoi, il leur suffisait simplement de causer des dégâts et de provoquer des accidents. Troisièmement, c'est la parenté avec une personne. Pour une personne médiévale, un cochon est l'animal le plus proche. Ils pensaient que cet animal ressemblait plus anatomiquement aux humains que les autres. Et si un cochon ressemble anatomiquement à une personne, il est fort probable qu'il lui ressemble mentalement.
Tous ces procédés ont servi au Moyen Age d'édification. C'est une sorte de rituel qui démontre une justice équitable. C'est une démonstration que même les animaux ne peuvent pas échapper à la loi. Cette action montre également l'ensemble du processus inquisitoire.
Au Moyen Âge, les gens cherchaient un sens à tout. Le langage des choses - le langage du sens était considéré comme un langage avec Dieu. Des bestiaires donnaient une interprétation à chaque animal, expliquaient sa signification. D'une part, il a aidé l'église à réglementer les activités sociales telles que la chasse. D'autre part, les autorités laïques pourraient utiliser les animaux comme intimidation et démonstration de leur justice. Il est impossible de ne pas considérer l'importance des images d'église, où différentes parties de l'animal décrivent le diable.
N'oublions pas que, d'autre part, l'animal a toujours été placé au-dessous de l'homme, car il n'a pas été créé à la ressemblance de Dieu. Par conséquent, tout culte était accepté comme une déviation de la foi.
Bibliographie
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2. White T. Bestiaire médiéval. Que pensaient nos ancêtres du monde qui les entourait. M. : Tsentropoligraf, 2013 183s.
LicorneDans le christianisme, la licorne est un symbole de l'unité divine, du pouvoir spirituel et de la noblesse, en relation avec cela, elle devient l'image du Christ.
Sa couleur blanche symbolise la pureté, quelque chose qui doit être acquis en suivant les voies des fils de Dieu.
La licorne glorifie le pape Honorius IV.
« Visions prophétiques des papes ». Angleterre 1300
Mais tout ce symbolisme sublime n'a pas interféré avec l'attitude envers cet animal, euh, eh bien, consommateur ou quelque chose comme ça.
Tout tourne autour de sa corne : dès l'Antiquité, on attribuait à sa corne des propriétés curatives (en particulier, on croyait que c'était le meilleur remède contre tous les poisons).
En général, une licorne au Moyen Âge avait peu de choses en commun avec un cheval blanc avec une corne sur le front. Il était de petite taille et d'un genre différent.
Une belle licorne sur pattes issue d'un bestiaire anglais du XIIIe siècle. 
Un peu sur la chasse aux licornes...
Tous les auteurs conviennent qu'une vierge est nécessaire comme appât.
Il y a ici une symbolique complexe. Il est l'emblème de la chasteté.
L'image était à l'origine avec la Vierge Marie, il a mis sa tête sur ses genoux.
Et puis l'interprétation s'est élargie et ils ont commencé à croire que la licorne pose sa tête sur les genoux de n'importe quelle vierge, vénère la pureté, ne peut pas résister. S'il n'est pas vierge, il essaiera de l'appâter, de le tuer.
Une licorne malheureuse, à côté d'une jeune fille, regardant tristement cette scène terrible. Un tel drame. À partir d'un bestiaire anglais du 13e siècle. 
Un jeune maléfique transperce une licorne avec une lance. Angleterre, milieu du XIIIe siècle. 
Mais il existe des différences importantes dans la tenue vestimentaire de la jeune fille : dans certaines œuvres, la jeune fille doit être habillée, dans d'autres elle doit être torse nu, dans d'autres complètement nue.
Et puis la licorne devient silencieuse... Hmm... La méthode de capture est plus qu'intéressante.
Essayez de vous imaginer à la place d'une licorne :)))
Une foule de chasseurs vous poursuit, les chiens aboient, les cornes sonnent. En bref : bruit, vacarme, confusion.
Et puis une jeune fille nue tombe sous vos sabots ... N'importe qui deviendrait fou et se calmerait.
Tous la même scène. Seulement voici la jeune fille indignée, indignée de la cruauté du chasseur. Psautier d'Ormsby. East Anglia, fin XIIIe-début XIVe siècle. 
Jeune fille pointant son doigt vers le chasseur...Angleterre, XIIIe siècle. 
Bien que la vierge dans ce gâchis ne soit pas non plus du sucre : comme il est parfois écrit dans les bestiaires, que la licorne saute dans le sein/ou sur la poitrine/de la vierge.
O_o horreur ! Imaginez qu'un tel animal, étourdi par la poursuite, vous saute sur la poitrine en courant ! .. Eh bien, si vous pouvez vous détourner du klaxon ! Bref, une façon barbare d'attraper...
Mais peut-être assez parlé des vierges, maintenant un peu plus sur l'image de la licorne.
Le Livre du Destin. Italie, seconde moitié du XVe siècle. 
Aux XV-XVI siècles, l'image d'une bête à une corne s'affiche sur des médaillons, des gravures, des tapisseries. sur les bannières et les armoiries. Il est indispensable là où le service chevaleresque d'une dame est poétisé, où la fidélité et la chasteté sont glorifiées. La licorne était très populaire au Moyen Âge et à la Renaissance. Unicornia balaie le monde.
La gloire de la licorne n'était pas seulement soutenue par la poésie.
Sur les armoiries de nombreux messieurs illustres, ce symbole ne signifiait pas leur noblesse ou leur solitude, mais l'interprétation métaphorique habituelle à cette époque : les ennemis fuient un mari courageux comme le poison d'une corne miraculeuse.
À la Renaissance, une figurine de licorne s'affichait souvent dans les pharmacies.
Alors voilà.
Miniature en marge du manuscrit "Le Roman de Lancelot", France, début XIVe siècle. 
En Occident, le dragon a toujours été représenté comme malveillant.
L'un des exploits classiques des héros - Hercule, Sigurd, Saint-Michel, Saint-Georges - a été la victoire sur le dragon et son assassinat.
Dans les mythes germaniques, le dragon garde les objets précieux.
Dans Beowulf, poème épique anglo-saxon, le dragon garde le trésor pendant trois cents ans.
Joli dragon. Gai et joyeux. Bestiaire anglais, fin du XIIIe siècle. 
Ici de nulle part
Apparu subitement...
Le dragon, dont j'ai été pris de court par la sortie d'un tel homme nu nudiste. Bref, les deux ont peur.
Bestiaire. France, Lorraine (Metz), première partie du XIVe siècle 
Le dragon lèche une personne endormie, l'empoisonnant au toucher de sa langue.
Ici, il y a une association avec des commères, qui aussi, imperceptiblement pour les gens, les empoisonnent avec leurs discours. Bestiaire d'Amour, début du XIVe siècle. France, Lorraine (Metz) 
Saint Jean dans "Apocalypse" mentionne deux fois le dragon : "L'ancien serpent, appelé le diable et Satan...".
Saint Augustin écrit dans le même sens que le diable est « un lion et un dragon : un lion dans sa fureur, un dragon dans sa ruse ».
Un dragon et une sorte de frère dragon tiennent une épée ensemble, annonçant la fin du monde. Ci-dessous, des personnes prient. Scène de l'Apocalypse. Angleterre. 1315-1325 
Les gens croyaient en la réalité de cette créature.
Au milieu du XVIe siècle, le dragon est mentionné dans Historia Animaiium de Konrad Gesner, un ouvrage assez scientifique. Le temps, et seulement le temps, a grandement miné le prestige du dragon.
Dragon avec une épée dans sa patte. "Prophéties des Papes". Italie 1600.